Bien mal comprise est la notion d’évolution au sens biologique.
Ce que l’évolution n’est pas
Contrairement à l’interprétation populaire, l’évolution n’est pas la métamorphose (même partielle) d’un individu en un individu plus avancé.
En fait, pour commencer : un individu n’évolue pas : un singe ne peut jamais devenir un être humain simplement en « évoluant ».
Les caractéristiques d’un être vivant sont déterminées par son ADN et celui-ci ne change pas au cours de sa vie : les gènes ne se commandent pas. Un individu reste donc tel qu’il est et ne changera pas (hormis, bien-entendu, les effets du vieillissement) : l’évolution à proprement parler ne concerne donc pas un individu.
Ce que l’évolution est
Quand on parle de l’évolution, on désigne l’évolution d’une population d’individus au fil des générations, au fil du temps.
Prenons par exemple un ours brun vivant dans les montagnes d’une région tempérée. Son pelage brun est parfaitement adapté à la vie dans la forêt : le brun se fond dans l’ombre des sous-bois et permet de chasser sans se faire repérer. La couleur du pelage est déterminée par un gène présent sur l’ADN des ours de cet espèce.
Imaginons maintenant que, lors d’une division cellulaire, le gène responsable de la couleur du pelage soit accidentellement modifié et que la production du pigment brun ne soit plus codé. À ce stade, les conséquences de cette mutation sont nulles. Au mieux, le changement dans une seule cellule de l’ours va modifier la couleur d’un seul poil de l’ours.
Là que cela devient intéressant, c’est si cette mutation intervient dans un gamète de l’ours, et que ce gamète est celui qui soit sélectionné quand l’ours va se reproduire. Dans ce cas de figure, toutes les cellules de l’ourson porteront cette modification. Aucune des cellules ne pourra produire le pigment brun : l’ourson aura un pelage entièrement blanc.
Si l’ours a deux oursons, la modification sur l’ADN n’ayant été opérée que sur un seul gamète, seulement un ourson sera blanc. L’autre sera brun.
Dans l’environnement de la montagne et de la forêt, un pelage blanc n’est clairement pas adapté pour la chasse ou pour se cacher. Un ourson blanc sera très nettement défavorisé, et sa survie alors largement compromise.
Si l’ourson blanc ne survit pas suffisamment longtemps pour lui-même se reproduire, alors le gène du pelage blanc n’est jamais transmis et cette mutation de l’ADN n’aura servi à rien.
Ici, c’est donc l’environnement et l’habitat naturel qui déterminent si une nouvelle caractéristique est intéressante ou non pour une question de survie.
On qualifie ce principe là de « sélection naturelle ». C’est l’environnement qui conditionne le maintient d’une caractéristique au sein d’une espèce vivante. L’environnement récompense en quelque sortes les mutations qui améliorent les chances de survie, et pénalise celles qui les réduisent.
Si maintenant le climat se refroidit, et que la montagne devient de plus en plus enneigée et donc blanche, alors un ourson qui naîtrait tout blanc aura le plus de facilité pour chasser : il sera bien plus difficile à repérer et pourra donc s’approcher au plus près de ses proies.
L’ourson blanc aura donc beaucoup plus de chances de survivre que son frère au pelage brun. Il aura plus de chances d’arriver à l’âge adulte et se reproduire, et donc de transmettre son gène de « blancheur ».
On comprend donc qu’au bout de plusieurs générations, les ours les plus enclins à survivre dans un environnement enneigé sont ceux qui ont le pelage blanc. Les ours blancs, peu nombreux au début, vont survivre plus longtemps que les autres et donc avoir plus de chances de se reproduire et à engendrer d’autres ours blancs.
Au fil du temps, c’est toute la population d’ours qui va avoir un pelage blanc.
Comme on le voit, à aucun moment un ours particulier n’a subitement changé de couleur. Le changement de couleur s’est fait par la descendance et au fil des générations, le tout conditionné par l’environnement et des ours.
L’évolution selon Darwin fonctionne de cette façon : les caractéristiques d’une espèce apparaissent de façon aléatoires et c’est l’environnement qui détermine si cette caractéristique va subsister dans l’espèce ou simplement disparaître.
Comment se produit une mutation ?
Les changements au niveau des gènes interviennent de façon aléatoire.
Lors de la division cellulaire, le brin d’ADN contenu dans la cellule va se dupliquer. C’est lors de cette duplication qu’une erreur peut se produire : la duplication n’est en effet pas une opération parfaite, les erreurs arrivent.
Un peu à la manière d’une « faute de frappe » quand vous recopiez un texte, la plupart des fautes sont sans incidences sur la compréhension du texte, mais certaines peuvent changer le sens d’une phrase. Si l’on réplique un texte manuellement des millions de fois à la suite, les fautes vont se cumuler et le texte évoluer (c’est un peu la version écrire du jeu du « téléphone arabe »).
Dans la réplication de l’ADN il en va de même : la plupart des erreurs sont sans conséquences, mais certaines en ont d’importantes : du changement de couleur du pelage, à la forme des griffes ou la taille du cerveau.
Les modifications dans l’ADN sont dues au hasard : c’est le hasard qui produit un changement quelque part, et c’est le hasard qui fera si cette mutation est un avantage pour l’individu. En revanche, la sélection naturelle par l’environnent n’est, elle, pas aléatoire : ce n’est pas un hasard si les ours blancs survivent mieux dans la neige que les ours bruns.
De modification en modification, une population d’être vivants s’adapte donc à son environnement : ceux dont les modifications constituent un avantage survivent mieux que ceux dont la modification est un handicap.
Il y a beaucoup d’autres facteurs que le climat qui puisse influer sur le maintient ou non d’une nouvelle caractéristique chez une espèce : si une espèce de plantes dispose d’un forme particulière, certains insectes vont vouloir se cacher parmi ces plantes pour échapper aux prédateurs ; c’est ainsi qu’on trouve les phasmes, qui sont des insectes s’étant adaptés pour ressembler à des plantes :
Dans d’autres cas, c’est la fleur (un être vivant aussi) qui va s’adapter aux insectes. On voit ainsi certaines fleurs ressembler à certaines espèces d’abeilles : l’insecte, leurré, va être attiré par la plante et effectuer la pollinisation pour la plante, qui aura plus de chances de produire des fruits que la plante qui n’attire pas d’abeilles :
Dans certains cas, c’est l’homme (en particulier) qui sélectionne les individus d’une espèce et les fait ses reproduire entre eux, afin d’affiner les caractéristiques de cette espèce.
C’est ainsi que la domestication des loups ou des chats il y a quelques milliers d’années a permis d’en « créer » des gros, des petits, des mignons, des poilus, des forts, des rapides à la course…
Même chose pour l’agriculture : en sélectionnant les épis de céréales qui ont donné le plus de grain, on peut avoir, année après année, des plantes qui produisent de plus en plus, ou qui résistent aux insectes, ou qui nécessitent moins d’eau..
Tout ceci a été de la manipulation génétique aussi, mais elle est aléatoire et incontrôlée : on peut simplement avantager certains caractères dans la descendance d’une espèce vivante, mais pas les forcer ou induire de changements précis.
Pour créer et forcer l’expression d’un gène particulier (et donc d’une caractéristique particulière) dans un individu, on utilise les organismes génétiquement modifiés.On peut ainsi rendre une plante résistante à un insecte.
On peut également transplanter un gène d’une espèce à une autre : il existe des chèvres avec un gène d’araignée, qui produisent du lait riche en protéine de soie, ou encore des lapins fluorescents dans le noir (grâce à un gène trouvé sur une méduse). Ceci est possible parce que tous les êtres vivants sur cette planète partagent le même support de base pour l’information génétique : l’ADN.
Ceci confirme parfaitement également la théorie selon laquelle tous les êtres vivants sont issus d’une même espèce vivante initiale (une simple cellule), et dont les individus se sont lentement différentiés en plusieurs espèces au fil des éons.