Ces dernières semaines, un nouvel astre est apparu dans le ciel : c’est la comète C/2020 F3 (NEOWISE), ou tout simplement Neowise. Elle a été détectée en mars 2020 par la sonde Neowise et la comète est visible dans le ciel depuis juin 2020 et pour encore quelques semaines.
Une comète, contrairement à un météore n’est pas furtive et revient de façon périodique. Par ailleurs, elles sont beaucoup plus rares à observer. Une comète facilement visible à l’œil nu est un phénomène quasi-unique dans une génération, alors qu’il est possible de voir des météores pratiquement toutes les nuits (certaines plus que d’autres).
Ici je vais revenir sur ce qu’est une comète, d’où elles viennent, à quoi elles ressemblent et comment voir C/2020 F3 (NEOWISE).
Une comète, c’est quoi ? D’où elles viennent ?
Une comète n’est pas un météore. Le météore est un petit débris rocheux (de quelques mètres à quelques dizaines de mètres de diamètre) qui traverse l’atmosphère terrestre et brûle en quelques secondes à cause de l’échauffement dû aux frottements de l’air. Généralement il brûle totalement, mais s’il reste quelque chose qui tombe sur le sol, cela constitue un rocher qu’on appelle alors météorite.
Les comètes, elles, ne sont pas rocheuses et ne traversent pas non plus l’atmosphère terrestre.
Ce sont des débris de glace (d’eau et de gaz congelés, ainsi que des poussières) de quelques kilomètres de diamètre seulement et qui nous proviennent des confins du système solaire : depuis la ceinture de Kuiper ou du nuage d’Oort, donc bien au-delà de l’orbite de Pluton.
Ces deux régions sont des réservoirs de plusieurs milliards de ces débris de glace. De temps à autre, les perturbations gravitationnelles des planètes, ainsi que des collisions font que l’une d’elle entame une progression en direction du système solaire interne : un voyage qui dure plusieurs milliers d’années.
C’est à ce moment-là qu’elles deviennent visibles : en s’approchant du Soleil, les glaces se subliment peu à peu et le glaçon laisse derrière lui une traînée de vapeurs et de poussière. Les vents solaires poussent ces vapeurs vers l’arrière de la comète, formant une « chevelure » qui est toujours orientée face au Soleil.
Généralement, une fois passée près du Soleil, la comète, ayant fortement pris de la vitesse, est gravitationnellement catapultée de là où elle venait. Étant donné que cela reste un astre comme un autre, si elle n’est pas détruite ou déviée entre-temps, elle reviendra périodiquement.
La comète de Halley, très célèbre, et connue depuis des millénaires, est visible tous les 76 ans. La prochaine fois sera en 2061. Halley en 1705, en scrutant les écrits historiques, remarquant qu’un astre était visible à intervalles de temps très réguliers. Comprenant les récentes lois de Newton et de Kepler, il en déduit que ces phénomènes étaient en fait le même à chaque fois. Il fut de plus en mesure de prédire la date et la position dans le ciel de son prochain passage. Il mourut avant, mais sa prédiction s’est réalisée avec une justesse incroyable, et ce fait constitua une consécration de la science, de l’astronomie et de la physique à l’époque.
À quoi ressemble une comète ?
Les comètes, je l’ai dit, sont des blocs de glaces et de poussières de quelques kilomètres de diamètres « seulement ». Elles sont donc absolument minuscules devant les planètes. Vu qu’elles viennent de plus des confins du système solaire, les détecter à l’avance est donc quelque chose d’impossible.
Ce n’est que quand elles s’approchent du système solaire interne que l’on commence à pouvoir les détecter puis à les voir. Neowise a ainsi été détectée pour la toute première fois en mars 2020, pour être visible à l’œil nu dès juin 2020.
Et encore : ce que l’on voit, ce n’est pas le débris de glace lui-même, mais l’impressionnante chevelure de la comète. Celle-ci est constituée des gaz et poussières soufflées par les vents solaires, et elle mesure plusieurs millions de kilomètres de long !
D’ailleurs, les comètes ont généralement deux chevelures différentes, d’origines également différentes.
La principale, celle que l’on voit facilement et qui est courbée, correspond à la traînée de poussières que le Soleil souffle du débris de glace. Cette chevelure, généralement blanche, prend la forme de la trajectoire de la comète dans le ciel.
La secondaire, bien plus pâle, mais colorée en bleue ou en rouge selon la composition des glaces correspond à des gaz ionisés par les particules chargées des vents solaires. Un peu comme des aurores polaires. Cette queue est diamétralement opposée au Soleil.
C’est comme si vous courrez dans la poussière : le nuage de poussière suit votre trajectoire, alors que votre ombre, elle, est toujours dirigée dans le sens opposé au Soleil, peu importe la direction où vous allez.
Sur cette photo de Satoru Murata, on peut voir les deux chevelures distinctes, l’une beaucoup plus distinctement que l’autre :

Comment voir Neowise ?
Cette comète est visible depuis quelques semaines. Tout comme les planètes Vénus et Mercure, elle est actuellement plus proche du Soleil que la Terre, et est donc visible soit lorsque le Soleil vient tout juste de se coucher, soit juste avant qu’il ne se lève.
En l’occurrence, au 18 juillet 2020 en France, elle est visible du soir tard jusqu’à l’aube (mais après 05 h, la lueur naissante du Soleil empêche de voir), direction Nord-Est et pas trop loin de l’horizon. Pour rappel : le Soleil se lève à l’Est, et la Grande Ourse est au Nord : et c’est donc à l’endroit où le Soleil va apparaître qu’il faut regarder, puis un peu à gauche.
Durant encore toute la fin du mois de juillet, la comète devrait être visible à l’œil nu.
Vous pourrez difficilement la louper jusqu’à ~5 heures du matin, pas trop éloigné de l’horizon. Au-delà, elle est progressivement éblouie par l’éclat du Soleil et finit par ne plus être visible.
En résumé, si vous souhaitez l’observer :
- sortez à 04h-05h du matin, préférez arriver plus tôt que trop tard (ou alors dès minuit, quand il fait sombre) ;
- choisissez un endroit en hauteur et dégagé : on doit pouvoir voir l’horizon (un sommet d’une colline est parfait) ;
- un endroit hors de la pollution lumineuse de la ville ;
- prenez des jumelles (même la plus banale que vous avez), et si vous avez évidemment, une lunette astronomique ou d’un petit télescope.
Petite astuce : un pointeur laser puissant peut vous aider à repérer ce que vous regardez, ou à expliquer à vos enfants où regarder. Mais s’il y a d’autres spectateurs autour, assurez-vous de ne pas les gêner (le laser gêne s’ils prennent des photos en pose longue) ni d’en abuser.
Enfin, ces jours-ci, si vous sortez observer la comète au Nord-Est le matin, n’oubliez pas vous retourner vers le Sud pour apercevoir la très brillante Jupiter ainsi que Saturne.
Jupiter, au travers d’un instrument sera accompagné de ses 4 lunes galiléennes (qui sont visibles avec de simples jumelles !), et Saturne, avec un peu de chance, montrera ses anneaux.
image d’en-tête de Satoru Murata ; merci à lui pour me permettre d’utiliser sa photo ici !