une galerie avec des afficheurs à encre électronique
Au contraire des tablettes tactiles qui sont dotées d’un écran lumineux et pouvant afficher des couleurs ; les liseuses n’affichent en général que du texte en nuances de gris sur un écran non lumineux à l’aspect très proche de celui du papier, en reproduisant l’aspect visuel de l’encre.

Les liseuses ont également une autonomie très importante de plusieurs semaines, grâce à la technologie de l’encre électronique, ou son terme technique : « entre électrophorétique ».

Comment ça marche ?

Des pixels comme sur tous les écrans

L’écran d’une liseuse est, comme tout écran d’affichage numérique, composé de pixels : des petits carrés qui ensembles affichent une image ou, dans le cas présent, du texte :

pixelisation rendue visible par un zoom
Sur les écran LCD des tablettes ou des ordinateurs, ces pixels sont éclairés individuellement par de la lumière blanche et c’est l’atténuation provoqué par les cristaux liquides sous tension qui rend un pixel plus ou moins sombre.

Sur ces écrans, il faut donc un éclairage de fond ainsi qu’une action électrique sur les cristaux liquides pour donner au pixel la luminosité désirée. Sur les plus récents écrans OLED, chaque pixel est une LED microscopique et elle produit sa propre lumière. Dans les deux cas, l’affichage d’une image consomme du courant électrique. Dès qu’on coupe ce courant, l’image est effacée.

L’encre électronique, elle, n’a pas ce problème : les écrans qui l’utilisent sont hors tension la plupart du temps mais l’affichage persiste. Il s’agit d’une vraie encore que l’écran affiche là où le texte doit être écrit. Tout ça se passe dans les pixels.

L’encre électronique a ceci de différent de l’encre classique (d’un stylo par exemple) de pouvoir être modifiée à la volée : on peut changer le texte comme on veut !

Une encre véritablement liquide !

Sur une liseuse, chaque pixel est rempli de deux liquides : un blanc et un noir. L’écran contenant les pixels et placé entre deux matrice d’électrodes transparentes :

vue en coupe d’un pixel à encre électronique
Schéma de quelques pixels sur un écran e-Ink (image)

La science réside dans le fait que l’encre est électriquement chargé. Le noir est chargé négativement et il est attiré par les électrodes positives ; le blanc blanc est chargé positivement et il est attiré par les électrodes négatives.

Pour qu’un pixel affiche du noir, il suffit donc d’appliquer une tension électrique positive du côté où vous regardez : le pigment noir s’y dirigera tout seul. De l’autre côté, on appliquera une tension électrique négative pour attirer le pigment blanc. Une fois le changement de place des pixels effectué, on peut supprimer les tensions électriques sur les électrodes : les pigments noirs et blancs resteront à leur place.

L’appareil à encre électronique ne consomme donc de l’électrique que quand l’affichage de la page est modifié. Quand vous lisez, l’appareil ne consomme pas d’énergie, d’où l’intérêt.

L’affichage à encre électronique avec deux pigments chargés électriquement est appelé « affichage électrophorétique », en référence au champ électrique (« électro- ») qui transporte et sépare (« -phoresis ») les deux encres chargées différemment.

Et les liseuses couleur ?

Il existe aussi des liseuses à encre électronique colorée.

Le fonctionnement est similaire, à la différence qu’on intercale entre les électrodes et les pixels remplis de colorants une matrice de sous-pixels sous la forme d’un filtre de couleurs primaires jaunes, magenta et cyan. Si on veut afficher du rouge par exemple, le pixel sous le rouge deviendra rouge et les deux autres deviendront blancs.

Si on utilise ici les couleurs primaires (jaune, magenta et cyan) et non les couleurs fondamentales (rouge, vert et bleu) comme sur un écran LCD, c’est parce que les couleurs sont des pigments et non des sources lumineuses. Il fonctionne donc avec le spectre d’absorption et non d’émission. Le fonctionnement est donc comme celui de l’encre du papier, à la manière de ce qui est utilisé dans une imprimante ou en imprimerie :

photo en couleurs primaires
Pour leurs raisons d’autonomie considérables, ces encres électroniques sont utilisées un peu partout désormais : journaux, liseuses, mais aussi certaines cartes à puce, certaines étiquettes de prix dans les grandes surfaces, certains téléphones…

image d’en-tête d’Adam Bowie

8 commentaires

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lola écrit :

je suis tres contente d'etre sur le blog en photo!!!
je suis une star maintenant!!! =)

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Carotooki écrit :

Wahoo, excellent article. Merci pour l'explication :)

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Kevin écrit :

Une autre chose très importante concernant les encres électroniques, c'est qu'elle ne provoquent pas de fatigue oculaire comme celle induite avec les écrans traditionnels, dû au fait qu'il n'y a pas de rétroéclairage qui "bousille" les yeux !

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Le Hollandais Volant écrit :

@Kevin : c’est ce que je dis au début.

Les téléphones sont également souvent tenus très près du visage, ce qui fatigue d’autant plus les yeux.

Observer un objet situé très proche fatigue car on est obligé de loucher (effort musculaire) et l’œil est obligé d’accommoder pour rendre l’image nette, le cristallin étant une lentille optique dont le changement et le maintien d’un point focal demande un effort (effort visuel).

Au repos, l’œil voit net ce qui se situe très loin. Plus on regarde un objet proche, plus l’œil doit faire un effort…

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Non2 écrit :

Bonjour, et merci pour cette explication. Je comprends mieux maintenant le principe de fonctionnement d'une liseuse.

J'aimerai cependant faire une petite remarque sur cette phrase :
Si on utilise ici les couleurs primaires (jaune, magenta et cyan) et non les couleurs fondamentales (rouge, vert et bleu) comme sur un écran LCD, c’est parce que les couleurs sont des pigments et non des sources lumineuses.

Si l'explication est exacte, l'expression "couleurs fondamentales" est approximative. On parle de couleurs primaires tant pour le RVB (rouge-vert-bleu) que pour le CMJ(N) (cyan-magenta-jaune(-noir)).
- Dans le cas du RVB, il s'agit des couleurs fondamentales de la synthèse additive des couleurs, c'est à dire de la synthèse des couleurs provenant de sources lumineuses.
- Dans le cas du CMJ ou du CMJN, il s'agit des couleurs fondamentales de la synthèse soustractive des couleurs, c'est à dire de la synthèse des lumières réfléchies (par l'encre, la peinture, etc.). Le N (noir) n'est là que pour pallier aux défauts des encres qui sont incapables de reproduire le noir parfaitement ou de donner des couleurs foncées correctes.

En tout cas, merci pour toutes ces informations techniques ou scientifiques souvent bien utiles.

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photonus écrit :

bonjour,

merci pour ces explications super intéressantes!
combien de couleurs cette technologie permet-elle d'atteindre?

autre question plus barbare j'en conviens, comment sont fabriquées les micro-capsules contenant les particules noires et blanches?

merci encore

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Le Hollandais Volant écrit :

@Non2 : j’ai pris l’habitude (et tous mes profs de physique ont toujours fait comme ça aussi) de dire
** couleur primaires pour désigner les couleurs primaires sur le plan artistique et de la peinture (cyan, magenta, jaune)
** couleur fondamentales pour désigner les couleurs primaires sur la plan scientifique/optique (bleu, vert, rouge)

Ce n’est qu’une convention, mais elle semble assez partagée. Mais je suis d’accord avec toi, on devrait dire « couleurs primaires de la synthèse additive » et « couleurs primaires de la synthèse soustractive ».

@photonus : je ne sais pas trop.
Les différents sites qui parlent de ça indique que c’est une sorte de pâte ou de liquide translucide et visqueuse où on ajoute les pigments noirs et les pigments blancs. La séparation du noir et du blanc et fait uniquement par l’application d’un champ électrique, ce n’est donc pas très contraignant. Il suffit je pense juste de les répartir correctement dans les différents pixels.

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Alain écrit :

Je ne pensais pas qu'on pouvait obtenir autant de couleurs avec cette technologies.


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