On trouve dans le commerce des chaufferettes avec du liquide que l’on place dans la poche pour nous réchauffer quand il fait froid.
L’utilisation est assez simple : on « clique » une pièce métallique, le liquide se cristallise à vue d’œil et ça se met à chauffer pendant 20 à 30 minutes.
Une fois refroidie, il suffit de replacer la chaufferette quelques minutes dans l’eau bouillante afin de dissoudre tous les cristaux, puis de laisser refroidir : elles sont alors prêtes pour un nouveau cycle. Ces chaufferettes sont utilisables presque indéfiniment.
Comment ça marche ?


Le produit qui se trouve dans les chaufferettes est de l’acétate de sodium trihydraté, fortement concentré. Trop concentré, même : tellement que son point de saturation est situé à +54 °C. Ceci signifie qu’en dessous de cette température, l’acétate de sodium devrait précipiter et être solide.
Or le produit est entièrement liquide et sa température est bien en dessous de 54 °C. Pourquoi ?
La réponse : avant utilisation, l’acétate de sodium est sursaturé.
Normalement, quand une solution fortement concentrée refroidit, elle atteint un point où les cristaux commencent à se former spontanément. C’est le point de saturation : la température n’est plus assez chaude pour garder le produit dissout dans l’eau et des cristaux apparaissent. Pour l’acétate de sodium saturé, ceci se produit dès que l’on passe sous les 54 °C.
Dans notre chaufferette, il n’y a pas de cristallisation : le produit reste entièrement dissout même sous 54 °C. Il s’agit toutefois d’un état instable : le produite reste liquide, mais à la moindre perturbation, il cristallise.
Cette perturbation doit cependant être là pour que ça marche : l’acétate de sodium ne peut pas cristalliser tout seul. L’avantage, c’est que l’on peut donc choisir quand et commence déclencher ce phénomène.
Dans les chaufferettes, on utilise un pièce métallique : en la claquant, on crée une petite onde de choc qui va produire quelques cristaux d’acétate de sodium autour desquelles les autres molécules vont pouvoir cristalliser jusqu’à ce que l’ensemble de la chaufferette soit durci.
Un phénomène exothermique
Là où ça devient intéressant, c’est que la cristallisation de l’acétate de sodium dégage de la chaleur : c’est un phénomène exothermique. Sa forme dissoute est en effet plus énergétique que sa forme cristalline et en se solidifiant la différence d’énergie est libérée sous la forme de chaleur.
Ce procédé est un moyen comme un autre de stocker de l’énergie : le simple fait que l’acétate de sodium reste dissoute en dessous de son point de précipitation constitue une source d’énergie. On restitue alors l’énergie grâce à la pièce métallique.
Le phénomène est également réversible. Si l’on chauffe la chaufferette durcie, en la plaçant dans l’eau bouillante par exemple, on réinjecte de l’énergie dans le système. L’acétate se dissout à nouveau. Ceci permet de réutiliser la chaufferette de nombreuses fois.
Conclusion
Les chaufferettes « magiques » fonctionnent car la phase liquide est plus énergétique que la phase solide. Lorsque l’on force un liquide à prendre sa forme solide, on libère cette énergie sous forme de chaleur.
Ici, ceci est rendu possible grâce à l’acétate de sodium sursaturée, qui reste liquide bien en dessous de sa température de saturation. C’est ça qui permet de solidifier le liquide sur demande, et à l’aide d’une petite pièce en métal.
Une fois utilisé, on réactive l’ensemble en faisant fondre la chaufferette dans l’eau bouillante.
On peut trouver ces chaufferettes en ligne, par exemple sur Amazon pour pas trop cher (5 à 10 €)
Maintenant, il existe également des chaufferettes thermiques pouvant durer plusieurs heures grâce à un ingénieux système catalytique au platine. Il y a tout autant de science dans ceux-là : les chauffes-mains catalytiques Peacock® et Zippo® ? !