Mountains with ice and water
Cette année, en 2014, il n’a pas fait super chaud l’été et pas non plus super froid d’ailleurs en hiver (il n’a pas neigé ici). Une chose est sure pourtant : s’il avait fait –20°C comme en 2012, on aurait eu droit aux classiques « meh, il est où ton réchauffement climatique, là ? ».

Le problème c’est que le climat et la météo ne doivent pas être confondues.

Le climat, c’est l’évolution de la température et d’autres paramètres sur plusieurs décennies voire siècles ou millénaires. La météo, c’est le temps qu’il fera dans quelques heures ou quelques jours.

Le climat, l’évolution sur le long terme est prévisible, parce qu’il évolue lentement et de façon périodique : après une longue ère glaciaire, il est normal qu’un réchauffement commence puis atteigne un pic et redescende quelques millions d’années après. La météo, elle, est très imprévisible : un nuage passant au dessus d’un lac, par exemple, suffit à réduire l’évaporation localement et fausser la prévision d’un orage. La météo est quelque chose de chaotique.
Les températures météorologiques fluctuent en restant proche autour d’une moyenne : il ne fera jamais −80 °C ou + 90 °C à Paris, car c’est trop éloigné de la moyenne. Cette moyenne, c’est le climat.

On peut se l’imaginer comme un maître promenant son chien : le chien va à droite et à gauche de façon aléatoire, à son gré ou à celui des insectes qu’il chasse. C’est la météo.
Le maître suit son chemin : le sentier, ou le trotoir, de façon plus régulière, plus ordonnée et prévisible. C’est le climat.

Si un chat voulait fuir le chien, il devrait donc plutôt observer le maître et non le chien. Le chien tourne autour du maître mais restera toujours proche de lui (lié par sa laisse) :

maitre promenant son chien sur la plage
Il en va de même pour le climat et la météo : si on veut savoir le temps qu’il fera dans 100 ans, ça ne sert à rien de d’extrapoler à partir de la différence de température entre aujourd’hui et demain. Il faut mieux regarder l’évolution de la température depuis les cent cinquante dernières années.

Dans l’autre sens, ce n’est pas parce qu’il fait –20°C une nuit de février que le climat n’est pas en train de se réchauffer.

C’est un fait que la température augmente depuis 150 ans, et beaucoup plus que l’évolution « naturelle ». On le mesure. On l’observe directement. Il n’y a pas de doute sur ça. Et la météo du jour n’a rien à voir avec ça.

image d’en-tête de Mariusz Kluzniak

9 commentaires

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Pazns écrit :

Un peu de valeur ajoutée :

C'est surtout un fait que le climat planétaire se réchauffe en globalité depuis même quelques centaines d'années, et l'homme n'y est pas vraiment pour grand chose. Nous avons probablement seulement accélérer un mouvement qui aurait pris peut-être 200 ans de plus pour arriver au même résultat.


Ensuite, je dirais également que pour prévoir "le temps qu'il fera dans 100 ans", il faudrait même regarder plus loin dans le passé que seulement 50 ans.
Le recul (10 000 ans) nous apprend que nous sommes actuellement dans le haut de la pente ascendante d'un pic inter-glaciaire.
La paléoclimatologie est une aide précieuse pour comprendre comment se comporte, à très grande échelle, le climat de la planète.
De plus, une fois "refroidie", la Terre a tendance à le rester pour un petit moment. L'albédo (la capacité d'une surface blanche à réfléchir l'énergie solaire) y est une grande aide.
Et, évidemment, l'influence de l'état spatial de la planète (axe de rotation, précession, nutation, etc...) aurait également selon les statistiques une influence, ténue mais présente, sur le climat.
Donc on peut dire que même si le climat est globalement assez régulier, il est quand même "localement" (une poignée de centaines d'années) assez chaotique.
Par exemple, l'évolution de la température de l'océan en certaines zones suffirait à détourner des courants marins, et de fil en aiguille, détournerait une grande source de chaleur pour certaines régions continentales.

Du chaos organisé en quelque sorte.
On remarque qu'il faut peu de choses pour déséquilibrer le climat de la planète, malgré la très grande quantité d'influences, qui peuvent s'enchaîner les unes les autres comme des dominos.
C'est là toute la difficulté de la météorologie et de la climatologie : les "équations du temps" ont une quantité effroyable de variables qui en plus sont inter-dépendantes. Un sacré bazar.

Et n'oublions pas notre Soleil qui de temps à autres pique une crise sans crier gare.



Ce fut un article bien court, je trouve =/

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jerry wham écrit :
C'est surtout un fait que le climat planétaire se réchauffe en globalité depuis même quelques centaines d'années, et l'homme n'y est pas vraiment pour grand chose. Nous avons probablement seulement accélérer un mouvement qui aurait pris peut-être 200 ans de plus pour arriver au même résultat.

Tu peux pas savoir comment ça me fait plaisir de lire ça. Depuis le temps que je le répète, j'avais l'impression d'être le seul illuminé.

En effet, à l'échelle géologique, la Terre est dans une aire pré-glaciaire (ce que tu appelles "le haut de la pente ascendante d'un pic inter-glaciaire") qui fait que le climat se réchauffe sur quelques centaines d'années. Ce qui a pour effet de modifier certains courants marins (gulf stream par exemple) et de fils en aiguilles de modifier drastiquement ensuite le climat qui se refroidit.

Cela s'est déjà produit plusieurs fois dans l'histoire de la Terre avec ou sans la présence de l'homme. Ce sont les glaces des pôles qui nous l'apprennent.

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Benoît R écrit :

Juste une question.

On est à la moitié de l’augmentation du niveau de CO2 dans l’air qui transformerait la moitié de la Terre en un désert chaud et aride.

D'où vient cette information ? La moitié, c'est vraiment exagéré, je trouve.

Selon ce graphique du GISS, la température a augmenté de 0,8 °C depuis 1880, alors que la concentration de CO2 est passée de 280 ppm dans les années 1800, à 400 ppm aujourd'hui, une augmentation de 120 ppm.

Faisons quelques calculs. Supposons que 100% de l'augmentation de la température soit due au CO2 (ce qui est certainement très faux), alors rendus à une autre augmentation équivalente (jusqu'à 520 ppm), si l'on suppose que la température suit de façon linéaire la concentration de CO2 (ce qui est aussi faux), alors on atteindra une augmentation totale de 1,6 °C depuis le début de l'ère industrielle.

On est loin d'un « désert chaud et aride », même avec les pires prédictions qu'on puisse faire avec ces chiffres.

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Le Hollandais Volant écrit :

@Benoît R : j’ai pris ce chiffre dans un documentaire, Cosmos - A spacetime odissey, présenté par l’astrophysicien Neil deGrasse Tyson.

Passer de 280 ppm à 520 ppm, c’est déjà passer du simple au double (pratiquement) : au niveau d’une quantité de gaz dans l’atmosphère, c’est très loin d’être négligeable.

Alors certes, à lui seul ce CO2 ne fera pas tout. Mais n’oublions pas par exemple que 1°C de hausse du climat dérègle à peu prés tout : les océans se dilatent, en premier lieu. Ensuite de nouveaux courants peuvent se former ; je pense au canal du panama, qui, s’il devient inondé alors des courants peuvent passer par là et un courant marin peut s’y former, déréglant les deux plus gros océans de la planète (le phénomène inverse ayant causé la fin d’une des dernières ères glaciaires : la baisse du niveau des océans à cause du remplissage de la méditerranée à coupé le courant passant sur l’isthme de Panama et donnant naissance au gulf-stream en atlantique, avec les régulations du climat dont il est à l’origine).
De plus, la Sibérie et d’autres régions contiennent des gaz comme du méthane : le CO2 est suffisant pour libérer ce gaz (la Sibérie est gelée, piégeant ce gaz, mais pour combien de temps ?), qui est un gaz à effet de serre 26 fois plus puissant que le CO2 : imagines passer de 500 ppm de CO2 à 10'500 ppm. Sans compter que le méthane détruit la couche d’ozone qui protège toute la vie des UV et des particules cosmiques mortelles.

Non, ce n’est pas juste une question de CO2.
Le CO2 est inoffensif jusqu’à 3% dans l’atmosphère (et mortel à partir de 25% — ce qui laisse de la marge pour les bipèdes que nous sommes), mais les effets du CO2 sont colossaux.

Concernant la quantité, on estime (même source) que tous les volcans de la planète émettent environ 500 mega-tonnes par an. C’est énorme. Mais l’homme rejette (chiffre 2008) 31'000 mega-tonnes, soit 60 fois plus de CO2 dans l’air et par an (et trois fois plus que ce que toutes les plantes n’absorbent).

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Tazigoult écrit :

Bonjour , je suis en troisième et nous sommes en ce moment en train de faire un cours sur l'effet de serre . Est ce que vous pourriez m'expliquer avec climatologie-meteorologie la différence entre le réchauffement climatique et l'effet de serre ? L'effet de serre est il bon ou mauvais ? Merci d'avance !

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Le Hollandais Volant écrit :

@Tazigoult : L’effet de serre n’est ni bon ni mauvais. Il est là.
Sans effet de serre, la surface de la Terre serait à environ −20 °C (bien trop froid pour avoir de l’eau liquide et donc peut-être avoir eu la vie).
Grâce à l’effet de serre, de la chaleur du Soleil est piégé dans l’air et la température est clémente.

Mais s’il y a trop d’effet de serre, tu comprends bien que trop de chaleur se retrouve piégée dans l’air et la température à la surface de la Terre devient beaucoup trop haute pour la plupart des espèces vivantes, voire toutes.
Sur Vénus par exemple, l’effet de serre est tel qu’il y fait en permanence 460 °C en surface. Ceci a été suffisant pour brûler et rendre inopérant en quelques heures la totalité des sondes spatiales qu’on a envoyé là-bas…

L’effet de serre existe en grande partie grâce au dioxyde de carbone présent dans l’air. Originellement, ce carbone provient du sol : c’est du carbone et de l’oxygène présent sur Terre quand cette dernière s’est formée. Du carbone est d’ailleurs toujours enfouit dans le sol, et ressort régulièrement avec les éruptions volcaniques.
Mais il y a aussi la vie : les végétaux transforment le CO2 de l’air en matière organique (bois, algues etc.) qui finit généralement par être enfouit sous le sable et à rester là, et certains mollusques, qui utilisent le carbone pour produire leur coquilles. Ces mollusques, morts, laissent leur coquilles s’accumuler au fond des océans et elles fossilisent : le calcaire est une roche d’origine organique. Les immenses falaises blanches qu’on voit parfois contiennent d’immenses quantités de carbone partout sur terre. Tout ce carbone ne se retrouve pas dans l’air.

Au fil est âges, il est arrivé aujourd’hui un stade où le climat est tempérée à la surface de la Terre. Ce climat nous va très bien, à nous autres humains.
Il correspond à un taux de CO2 dans l’air qui permet d’avoir un climat ni trop froid (comme dans le cas où le CO2 serait absent) ni trop chaud (comme sur Vénus). Ce taux, c’est d’environ 280 ppm (280 molécules de CO2 pour 1 million de molécules prises au hasard dans l’air).
Ce taux, il correspond à ce qu’il y avait dans l’air avant l’ère industriel.

En 2017, ce taux est plutôt autour de 400 ppm. Dit autrement, on a augmente le taux de CO2 d’environ 30~40 % en l’espace de 150 ans seulement (ce qui sur l’échelle de notre planète est juste incroyablement faible.
Tout ce CO2 provient de deux sources :
– du carbone organique enfouit sous terre depuis des millions d’années et qui s’est transformé en pétrole/gaz/charbon et que l’on brûle (et rejette dans l’air)
– du carbone minéral que l’on vient trouver dans les roches calcaires (carbonate de calcium) : les roches servent dans les cimenteries, qui rejettent du CO2.

L’effet de serre engendré par cette hausse du taux de CO2 est indéniable, mais elle n’est pas bonne ni mauvaise. Enfin… ça dépend pour qui.
La Terre, notre planète, seule hôte connu de la vie dans tout l’univers, va survivre. La Terre sera toujours là. La vie également. L’homme par contre, n’est pas fait pour vivre sous un climat trop chaud, ni trop froid. Certaines populations se sont adaptées, oui, mais tout le monde ne le peut pas.

La Terre n’est absolument pas en péril et n’a pas besoin d’être sauvée du CO2.

L’humanité (entre autres espèces vivantes), si.

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Le Hollandais Volant écrit :

@tiboulot : il est intuitif de penser que le "réchauffement climatique" ne tourne pas rond quand il fait −50 °C pour la première fois depuis longtemps. Mais c’est le but de cet article.

Il peut faire un froid polaire sur une petite fraction de la surface du globe, ça n’empêche pas que le reste de la planète se soit réchauffé de telle sorte que la chaleur chaleur moyenne sur le globe reste en augmentation. Il faut voir la planète dans son ensemble : c’est bien pour ça qu’on parle de « global warming » en anglais, qui signifie « réchauffement mondial [du climat] ».

Pour les gens qui se demandent, c’est bien qu’ils se demandent. C’est là où les scientifiques interviennent et répondent : le réchauffement climatique est partout, juste dilué. On ne le ressent pas en mettant le nez dehors, mais on le mesure depuis 150 ans.

Juste pour donner un petit ordre d’idée, si la température des océans augmentaient de 1 °C, l’énergie nécessaire pour ça correspondrait à environ 10 000 fois la consommation énergétique mondiale en 2014. Ceci pour dire simplement que 1 °C d’augmentation de la température des océans, non, ce n’est pas rien.

Quand en septembre il y a eu plusieurs énormes cyclones à la suite, ça représente là un déplacement d’eau, et donc également de chaleur. En un seul jour, ces cyclones transportent autant d’énergie sous forme de chaleur que l’énergie totale consommée aux USA durant 5 ans. Sauf que le cyclone déverse cette énergie en quelques jours sur une petite région, provoquant des dégâts immenses.

Je ne dis pas que les cyclones de septembre 2017 sont dus au réchauffement climatique. Je dis ici que même une fraction de degré de hausse de la température des océans suffit pour provoquer des centaines de milliards de dollars de dégâts en plus par rapport à un cyclone "normal".
Alors la COP21 qui veut limiter à 2 °C le réchauffement climatique, perso, ça me fait un peu rire : ça revient à rejeter dans l’air une quantité de CO2 telle que la planète va piéger autant de chaleur que l’humanité de 2014 consomme en 20 000 an.

Et toute cette énergie, dans l’eau des océans et dans l’air, elle va entrer en jeu lors des ouragans, cyclones, tempêtes, courants marins et autres phénomènes. Donc forcément, la météo partout dans le monde s’en trouve un peu altéré, d’où, j’imagine, des phénomènes plus extrêmes d’année en année. Comme par exemple des masses d’air polaires poussées quelques milliers de kilomètres plus au sud que d’habituel. Et on se retrouve avec New York avec les pieds dans la glace là où normalement c’est un phénomène réservé à Montréal.


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