Schéma médical de la tête et des vaisseaux sanguins.
Bien que le sang de certains animaux, comme les crabes ou certaines araignées, soit bleu, celui des vertébrés (et donc des humains) est rouge. Pourtant, nos veines nous apparaissent bleu.

Que se passe-t-il ?

Les explications fausses

Pour commencer, il y a quelques théories clairement fausses :

C’est la concentration en oxygène élevée dans les artères et faible dans les veines qui fait apparaître les premières en rouge et les dernières en bleue.

Ceci est faux : même pauvre en oxygène, le sang n’est pas bleu : il est certes d’un rouge-ocre un peu moins vif, mais il est toujours d’une teinte rouge et pas bleue.

Le sang est bleu, et c’est seulement au contact de l’air — par exemple quand on saigne — que le sang devient rouge.

Ceci n’est pas vrai non plus : lors d’une prise de sang, ce dernier n’entre pas en contact avec l’air et il est rouge. D’ailleurs, quand le sang entre en contact avec l’air, il a tendance à s’enrichir en oxygène, et il rougit d’avantage…

L’explication correcte

Il y a deux effets à voir :

  • premièrement l’optique physique avec la colorimétrie et l’absorption/diffusion des couleurs par la peau et les vaisseaux sanguins.
  • deuxièmement le rôle du cerveau sur la perception des couleurs.

Les phénomènes d’optique

La lumière du jour contient toutes les couleurs. Or en traversant le sang seul, les couleurs bleue et verte sont totalement absorbées, tandis qu’une partie du rouge est quant à elle renvoyée et c’est ce qui rend le sang rouge.

La peau maintenant. On considère une peau dénuée de mélanine, donc claire : elle diffuse et réfléchit toutes les couleurs : elle apparaît blanche.

En revanche, toutes les couleurs ne pénètrent pas à la même profondeur dans la peau : le rouge, de longueur d’onde plus grande, pénètre plus profondément avant d’être diffusée puis réfléchie. Le bleu, lui, est diffusé et renvoyée dès qu’elle pénètre sous la surface.

La couleur de la peau est donc différente selon qu’on l’observe en transmission et en réfection. En réflexion, la peau semble blanche, alors qu’elle apparaît rouge par transmission : le rouge a le temps de traverser alors que le bleu est bloqué bien avant :

du blanc est renvoyé mais du rouge est transmi
↑ de la lumière blanche est réfléchie, mais seul le rouge est transmis par la peau.

Quand une veine se trouve entre 0,5 mm et 2,0 mm de profondeur environ : c’est là qu’elle semble bleue. Si elle était plus en surface, elle elle aurait pris la couleur du sang, donc rouge, et si elle était plus en profondeur elle serait simplement invisible.

Parmi toute la lumière qui revient vers l’observateur, la composante bleue provient de la peau. Souvenez-vous : le bleu ne pénètre pratiquement pas dans la peau et est renvoyé sans jamais avoir atteint la veine.
Pour le rouge c’est différent : cette longueur d’onde est plus pénétrante et atteint le vaisseau sanguin : ce dernier en absorbe une partie et réfléchit le reste.

Ce qui se passe est ensuite est une illusions d’optique produite par le cerveau : c’est une question de balance des couleurs entre le rouge et le bleu :

  • Sans veine : la couleur observée contient autant de rouge que de bleu, car la peau a fini par tout réfléchir.
  • Avec la veine : la veine absorbe pratiquement tout le rouge tandis que la peau a déjà renvoyé le bleu : on observe donc les mêmes couleurs, à l’exception d’une partie supplémentaire de rouge qui est absorbée par la veine.

Il n’y a pas plus de bleu, seulement moins de rouge.

Le rôle du cerveau

Donc il n’y a pas de bleu : pourtant on voit du bleu. Ceci est une illusion d’optique : c’est le cerveau qui voit ça de cette façon.
Il interprète cette absence plus prononcée de rouge comme une présence plus importante des autres couleurs, et en particulier le bleu. Ceci est suffisant pour faire apparaître les veines comme bleues.

Il s’agit donc d’une simple illusion d’optique : du beige foncé sur du beige apparaît bleu-gris, alors qu’il n’est toujours que beige-foncé :

Illusion d’optique qui rend les veines bleues.
Les deux lignes sont de la même couleur dans les deux cas. Elle apparaît juste légèrement grise ou bleutée à gauche, à cause du contexte.

On peut le voir sur une photo : la veine est juste légèrement plus sombre, mais loin d’être franchement bleue :

couleur bleue-rouge de la peau
↑ la veine n’est pas bleue, juste « moins rouge ». C’est le cerveau qui interprète ça comme du bleu.

Références :

image de Mark Strozier

16 commentaires

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Matheod écrit :
"Souvenez-vous : le rouge ne pénètre pratiquement pas dans la peau."
L'inverse plutôt ?
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Mat écrit :
J'ai jamais aimé l'optique, mais si le sang est rouge, c'est pas justement parce que le mélange de couleurs que le sang n'absorbe pas forme du rouge ?
Ce serait pas l'inverse ? Le bleu serait plus pénétrant dans la peau que le rouge et il arriverait à faire l'aller-retour de la surface de la peau jusqu'à la veine tandis que les couleurs avec de plus grandes longueurs d'onde serait arrêtées dans l'épaisseur de la peau ?
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Le Hollandais Volant écrit :
@Mat :
mais si le sang est rouge, c'est pas justement parce que le mélange de couleurs que le sang n'absorbe pas forme du rouge ?

oui : un objet rouge absorbe tout sauf le rouge qu’il renvoie, en particulier vers l’œil : nous voyons donc rouge un objet "rouge".

Ce serait pas l'inverse ? Le bleu serait plus pénétrant dans la peau que le rouge et il arriverait à faire l'aller-retour de la surface de la peau jusqu'à la veine […] ?


Le bleu n’est pas plus pénétrant que le rouge. L’expérience est menée dans ce papier : http://www.imt.liu.se/edu/courses/TBMT36/pdf/blue.pdf (qui vise justement à répondre à la même question que mon article, et donc je me suis également inspiré).
En augmentant l’épaisseur de peau progressivement, on remarque que le bleu est plus rapidement filtré que le rouge. Il faut donc une épaisseur moins importante pour filtrer le bleu que le rouge.

Ton hypothèse aurait pu fonctionner, mais ton hypothèse de départ est incorrecte, il faut donc une autre explication.
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Le Hollandais Volant écrit :
@Mat : Ton article est dans l’erreur, en particulier cette ligne :
Le bleu traverse plus facilement la barrière de la peau que le rouge


C’est faux.

Tu peux regarder avec une forte lumière : en regardant par "transparence" ta main, tu la vois rouge : https://davidkanigan.files.wordpress.com/2014/06/hand-sun-light.jpg?w=600&h=901
C’est parce que le rouge traverse la peau mais que le bleu est bloqué avant d’avoir pu traverser.

C’est un peu aussi pour ça que le ciel est bleu : le bleu est bloqué puis diffusé dans tous les sens, alors que le rouge continue d’aller en ligne droite.
En regardant le ciel, on a donc l’impression que le bleu est partout et le rouge/orange/jaune seulement là où se trouve le Soleil.

Au coucher du Soleil, la distance que la lumière traverse dans l’atmosphère est plus importante : le jaune/orange finit lui aussi (en plus du bleu) par être diffusé. Seul subsiste la longueur d’onde la plus grande, le rouge, qui n’est pas diffusé : le soleil est un disque rouge, dans un ciel orangé.

Le lait, a les mêmes propriétés. Si tu l’éclaires avec une lumière blanche (polychromatique), alors le lait paraîtra blanc, mais si on regarde par transparence une fine couche de lait (5~10 mm) au fond d’un verre, le rouge et le vert traverseront, mais le bleu n’y parviendra pas. Par transparence, le lait est alors verdâtre.
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Léo écrit :
Je suis d'accord avec l'article mais alors pourquoi une cyanose donne une peau bleue ? Est ce que le sang (enfin l'hémoglobine) change de couleur quand il est moins saturé en sang ?
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Le Hollandais Volant écrit :
@Léo : le sang moins concentré en oxygène est en effet plus sombre, tirant sur le brun. Le sans oxygéné est rouge vif.
Pour une cyanose, la peau n’est pas bleue, elle est juste moins rouge, exactement comme une veine.
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Red écrit :
@Le Hollandais Volant :
Très intéressant cette histoire de couleur du sang.
Qu'est-ce que ça veut dire si le sang est moins rouge vif, mais plus rose ou rouge pale (genre comme du rouge dilué, pas comme si on avait ajouté du blanc) ?
Ça ne concerne pas le sang dans les veines, mais le sang des règles. (Ah oui, et comme il parait qu'il y a des gens que ça dégoute d'en parler, je m'excuse pour ceux-là) : j'utilise une coupe menstruelle, du coup je vois bien sa couleur (il n'a pas été en contact avec l'oxygène au moment où on la vide) : en général il est plutôt rouge vif tirant sur le noir (je suppose avec la concentration), comme quand on saigne, ou pour un prélévement de sang. Cependant il m'est arrivé de constater qu'il était parfois plus rose, et je trouve que ça serait intéressant de savoir ce que ça signifie. Ça m'est arrivé 3 fois je crois et la première fois j'ai vraiment été choquée. (Je pensais effectivement que ça serait peut-être lié au fer = si mes règles sont plus roses, j'ai une anémie, mais ce n'est qu'un hypothèse infondée, je n'ai aucune expérience en la question, et sur le net je ne trouve rien)
Merci d'avance à qui pourra me trouver un élément de réponse :)
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Le Hollandais Volant écrit :
@Red : Ça me semble être une question de concentration, ou simplement de quantité.
Il se peut aussi que le sang des règles soit parfois plus concentré en plasma sanguin, voire d’autres secrétions (ce qui réduit le taux de fer). C’est aussi possible que le fer quitte l’hémoglobine et se combine avec d’autres trucs, invisibles.

Je ne pense pas que ça soit une anémie : le taux normal d’hémoglobine chez une femme est de 12 à 15 g/dL, et le taux d’anémie vers 11 g/dL. Il y a une différence, de l’ordre de 30% entre le max et le taux anémique, mais ça me semble insuffisant pour expliquer une différence notable de couleur.
C’est comme si tu dilues de l’encre dans de l’eau : mettre 4 gouttes au lieu de 3, c’est à peine visible. Pour observer quelque chose, il faut passer du simple au double, au moins.

Dans tous les cas, si ça t’inquiètes, je conseillerai de consulter un médecin. Il en saura d’avantage que moi.
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Maliro écrit :

Je déterre le sujet, désolée.
Si le sang des règles est plus rose, c'est très probablement parce qu'il est mélangé avec des sécretions blanches qui n'ont rien à voir avec les règles. ^^
Source : ma propre coupe menstruelle

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Watiwati écrit :

Question peut être bête mais quand on se fait un "bleu" qu'on voit bleu, vert, jaune et
violet , est ce que c'est aussi un effet d'optique?
Et oui certain fête le nouvel an et moi je suis intrigué par la couleur de mes veines mdr!
Merci d'avance .

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Le Hollandais Volant écrit :

@Watiwati : Ça doit être un mélange de phénomènes optiques, oui.

Quand on se fait « un bleu », ce sont en fait des capillaires (petites veines) qui se brisent : il se retrouve donc du sang un peu partout (dans la peau). Ensuite, c’est le même phénomène que pour une veine : le bleu revient, le rouge est en partie absorbé et au final la veine semble moins rouge (donc +bleu) que le reste : on a une zone bleutée.

Pour le violet, c’est globalement identique : le violet c’est bleu + rouge. Donc à mon avis il s’agit simplement d’un bleu mais plus loin sous la peau : comme ça, le rouge est moins atténué et une plus forte partie revient vers nous, transformant le bleu en violet.

Pour le jaune et le vert, je ne sais pas trop. Je vois de quoi tu parles, mais à mon avis ça serait un peu la même chose, mais avec des tissus différents (graisses ?) qui renvoient plutôt du jaune que du rose comme le reste de la peau.

Dans tous les cas, le principe reste le même : la couleur qu’on voir est un mélange des couleurs qui reviennent vers nous après avoir été réfléchies par la peau (et donc pas absorbées). Ensuite, c’est une question de différents éléments dans la peau (veines, peau, muscle, graisses…) et de leur profondeur sous la peau.

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Alex écrit :

Il existe une différence de couleur également entre l'hemoglobine oxydée (chargée d'O2) et la désoxyhémoglobine.
https://svtcolin.blogspot.com/2010/12/rouge-sang.html
https://fr.sawakinome.com/articles/science/difference-between-oxyhemoglobin-and-deoxyhemoglobin.html

D'ailleurs en clinique:
le patient qui désature (manque d'O2) est cyanosé (tendance bleu, surtout les levres et ongles en premier)
mais le patient polyglobulique (excès d'hémoglobine) peut l'être aussi alors qu'il ne manque pas d'oxygène - il a un excès d'hémoglobine, dont la forme desoxy qui participe au teint du patient
a contrario, le patient anémique (manque d'hémoglobine) est pâle, blanc (perte totale d'hémoglobine)

Pour les échymoses (le "bleu") : ce n'est pas un phénomène optique (ou pas seul en tout cas), mais les différents produits de dégradation de l'hémoglobine : billiverdine [vert] puis billirubine [jaune].
Billirubine qui est éliminée par les reins (après transformation en urobiline = couleur jaune de l'urine) et par le foie (acides billiaires) dans le tube digestif : couleur marron des selles (stercobiline = dégradation de la billirubine par les bactéries du tube digestif)
Mais également la couleur jaune des patients (ictère) qui ont une dysfonction hépatique et n'éliminent pas la bilirubine

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Sam écrit :

Je vais sûrement remporté le prix du plus gros déterrage !

"Or en traversant le sang, les couleurs bleue et verte sont totalement absorbées, tandis qu’une partie seulement du rouge l’est aussi"

"Pour le rouge c’est différent : cette longueur d’onde est plus pénétrante et atteint le vaisseau sanguin : ce dernier en absorbe une partie et réfléchit le reste"

"Avec la veine : la veine absorbe pratiquement tout le rouge"

Vous dites que le rouge est absorbé en partie et ensuite en quasi totalité du coup je ne comprends pas...
Le sang dans un tube de prélèvement est rouge donc il ne l'absorbe pas. Beaucoup d'articles disent que c'est l'hémoglobine qui absorbe le rouge mais une fois encore le sang est bien rouge à l'oeil nu.

Par quoi est absorbé le rouge ? Le tissu de la paroi des veines peut-être ?
Et si la la paroi des veines était blanche (juste pour la compréhension) quelle couleur reviendrait à nos yeux ?

Merci d'avance, j'espere ne pas trop m'être dispersé !

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Le Hollandais Volant écrit :

@Sam : pas grave pour le déterrage, les articles sont essentiellement intemporels.

Effectivement, je ne suis pas trop clair dans cet article.
Le sang non plus d’ailleurs, voulant dire par là qu’il est très sombre. Cela signifie qu’il absorbe pratiquement toute la lumière en quantité, mais que la seule chose qu’il renvoie, c’est du rouge. Un petit peu de rouge, suffisamment pour donner sa couleur au sang.

Du sang pur et du sang dillué sont tous les deux rouges, mais le sang à l’état pur est bien plus sombre : la quantité de rouge renvoyée est différente, même si dans les deux cas, les couleurs renvoyées ou absorbées sont les mêmes. C’est une question de quantité de rouge, plus qu’une question de quelle couleur est absorbée.

Si l’on éclaire la main d’une lumière blanche, alors sur la veine, on a peut-être 50 % de bleu qui est renvoyé, et 10 % de rouge. Alors qu’à côté, en dehors de la veine, on a 50 % de bleu et 50 % de rouge (d’où le côté moins bleu).

Quant à savoir qu’est-ce qui absorbe du rouge dans le sang, je dirais probablement simplement tous les constituants du sang : n’importe quel pigment finit par absorber toute la lumière quand il est assez présent en quantités assez importante. De l’encre bleue est clairement bleue quand on met une goutte dans un verre. Mais si on prend un verre d’encre pur, c’est essentiellement noir.

Si la parois des veines étaient blanche, et surtout si elle était opaque, alors ce qu’il y a dérrière n’importe plus : qu’il y ait du sang ou non dérrière, ça ne changerait rien. Donc cela renverrait toutes les longueurs d’ondes. Sachant que bleu aura déjà été renvoyé avant par la peau, le rouge serait bloqué par la veine et renvoyée avant d’avoir perdu en intensité en traversant une couche plus épaisse de la peau. Donc je dirais blanche, voire rose-rouge (plus rouge que le reste de la peau), en tout cas plus claire car il y aura davantage de lumière.


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