Un plot de signalisation de la présence d’un danger.
Les termes de risque et de danger sont souvent confondus, pourtant ce sont deux choses différentes que l’on ne doit pas intervertir ni employer n’importe comment.

Dans ce court article je reviens sur ces deux notions, histoire de les clarifier et de mieux se comprendre.

Le danger

Selon l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité), le danger est défini comme la « Propriété intrinsèque des produits, des équipements, des procédés… pouvant entraîner un dommage. »

Cela signifie qu’il existe des produits, des équipements, des procédés qui sont dangereux et d’autres non, avec différents niveaux entre les deux.

Dans le cas d’un produit, le danger fait partie des propriétés de ce produit. Ainsi, l’essence est une substance inflammable, elle peut donc brûler facilement et provoquer un incendie : l’essence est dangereuse.

De même, un astéroïde est dangereux, le plutonium est dangereux, un couteau est dangereux.

C’est une notion assez simple : un objet, une situation, une substance sont dangereux s’ils sont susceptibles de produire des dommages.

Inutile de dire que sous cette définition, tout est dangereux. Mais on peut considérer que l’on parle d’une utilisation normale de l’objet. On peut tuer quelqu’un avec un stylo, mais dans ce cas le danger ne provient pas du stylo, mais plutôt de la personne qui essaie de vous tuer avec.

Une cheminée ouverte, en revanche, est intrinsèquement dangereuse : personne n’est à l’abri d’une braise qui saute sur le parquet et provoque un incendie.

À l’utilisateur alors d’avoir conscience de ce danger et de s’en prémunir : prévoir un seau d’eau à proximité, avoir un extincteur pas loin, ou n’utiliser la cheminée que sous surveillance constante.

Maintenant, quelle est la probabilité qu’une braise saute hors de la cheminée ? Eh bien ceci, c’est la notion de risque.

Le risque

Selon le référentiel ISO Guide 73 – Vocabulaire du management du risque, « Le risque est l’effet de l’incertitude sur l’atteinte des objectifs »

Si ce n’est pas clair, c’est normal, c’est l’ISO. Une définition plus simple pourrait présenter le risque comme l’exposition d’une cible (personne, matériel, population, environnement…) à un danger.

Ce terme d’exposition englobe la notion de probabilité de se retrouver dans une situation dangereuse. Du coup, si la probabilité qu’un danger nous affecte est nulle, le risque est nul lui aussi.

Prenons un exemple : un arbre peut-être dangereux s’il tombe et écrase quelqu’un. Est-ce qu’il faut pour autant couper tous les arbres et interdire les forêts ? Non : on juge que la probabilité qu’un arbre tombe, puis tombe sur quelqu’un, puis que cette personne meure, etc. est suffisamment faible pour continuer à profiter de tous les côtés positifs d’un arbre.

Par contre, si la météo prévoit l’arrivée d’un ouragan, alors la probabilité qu’un arbre tombe s’en trouvera augmenté. Dans ces cas-là, le risque de se retrouver sous un arbre est plus important et les autorités conseillent fortement de rester chez soi à l’abri.

Le danger ici est toujours le même : l’arbre est toujours là et peut tomber. Mais la probabilité de la chute d’un arbre varie, et donc le risque aussi.
La propriété d’être dangereux pour un arbre est toujours là, mais selon qu’il vente ou qu’il fasse beau, le risque est important ou ne l’est pas.

À chacun ensuite de juger si ce risque vaut le coup, ou non. Y a-t-il un intérêt à se mettre sous un arbre quand il fait beau ? Oui, on peut profiter de l’ombre. Quand il vente ? Probablement pas, et donc on évitera naturellement à le faire.

Et s’il vente alors qu’il fait beau ?
Dans ce cas, on doit étudier la question en profondeur et voir si le danger du vent compense le bénéfice de l’ombre. On parle du « rapport bénéfice sur risque ».

Rapport bénéfice sur risque

Dans certains cas, un objet (ou un produit, une situation) peut être très bénéfique, mais présente également un danger.

Dans ces cas-là, on doit quantifier le risque d’être soumis à ce danger : on doit étudier le type de danger auquel on a à faire, et les probabilités de se retrouver face à lui. Comme il s’agit d’une question de probabilités, on peut quantifier le risque, mettre un nombre dessus.

Si le risque est suffisamment faible, on jugera généralement que le bénéfice l’emporte et l’on acceptera le risque, considérant qu’il est suffisamment faible. Par exemple : monter dans un avion est toujours risqué (le risque d’une panne n’est jamais nul) mais ce risque est tellement faible qu’on peut l’ignorer.

Si le risque est trop important par rapport au bénéfice annoncé, au contraire, on évitera de s’exposer au danger. Ceci peut se produire :

  • si la probabilité d’être exposé au danger est élevée, même si ce dernier est léger (comme marcher sur la glace : le risque de chute est élevé, mais ça n’est toujours qu’une chute) ;
  • si le danger lui-même est très élevé, bien que la probabilité de lui faire face soit faible (marcher dehors sous un orage : on risque sa vie, même si la probabilité d’être frappé par la foudre est très faible) ;
  • si le danger est grand et le risque également (comme jouer avec des allumettes dans une mine de charbon).

Pour résumer

Les termes de danger et de risque sont liés, mais ne sont pas synonymes. Comme les termes de chaleur et de température, si vous voulez.

Le danger pour commencer, c’est une qualité inhérente à un objet ou une situation : c’est sa qualité de pouvoir provoquer un dommage. Le danger fait partie de l’objet : si un objet dangereux est présent, alors le danger est présent aussi.

Ceci est l’inverse du risque : le risque d’incendie est nul avec une allumette au milieu de l’océan. En revanche, il est très important avec la même allumette dans une station essence.

Le risque intègre la probabilité que le danger se manifeste dans une situation donnée.

image d’en-tête de Justus Menke

9 commentaires

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Juju écrit :

L'article est-il inspiré par la polémique actuelle entre vaccins et thrombose ?
Et pour revenir aux cheminées ouvertes, il semble que les assureurs les préfèrent aux inserts ou les accidents de surchauffe sont plus fréquents que les départs de feu dus aux cheminées historiques...

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ʟ·ɪɴᴀᴅᴀᴩᴛé écrit :

Quand je faisais du parachutisme, j'avais souvent du mal à expliquer aux proches qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter.
Maintenant je sais que j'aurais pu leur dire que cette discipline comporte un certain nombre de dangers, qu'ils sont tous connus, que du coup des procédures existent et que le risque est très faible.

Merci pour cet article.

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Le Hollandais Volant écrit :

@ʟ·ɪɴᴀᴅᴀᴩᴛé : c'est exactement ça !
La connaissance du danger ne diminue pas le risque de le subir, mais permet de s'en prémunir et de diminuer le risque de se blesser ou de mourir.

C'est comme l'avion : on connaît pratiquement tous les dangers, justement pour faire face aux biais qui fait que l'avion (plus que tous les autres transports) fait peur.
Et chaque défaillance imaginable fait l'objet d'une procédure précise pour y faire face.

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galex-713 écrit :

jtrouve que c’est pas clair vu que souvent tu dis que « tout peut être dangereux », mais aussi traite le danger de façon un peu trop binaire dans la seconde partie de l’article. Tu dis bien à un moment qu’un objet peut être dangereux « à différents niveaux » mais tu rend pas clair si cette différence de niveau est dûe à l’intensité du danger, sa probabilité (et là on repartirait sur une confusion avec le risque), et son « intériorité » (tu dis que le stylo n’est pas intrinsèquement dangereux dans son utilisation normale, mais peut l’être rendu par qqun d’autre d’extérieur).

Tu lies le risque au danger, alors qu’il me semble que la définition de l’ISO a justement vocation à être plus large… et selon moi c’est conforté par le mot « management » dans le titre de l’ouvrage : je pense juste que le risque est juste un autre nom pour une probabilité d’un truc quel qu’il soit (avec une connotation péjorative, potentiellement niée par du sarcasme genre « tu risques de t’amuser » ce genre de trucs). Ils disent « objectifs » parce que ça marche surtout pour tout ce qui est genre « capital risque », où on parle de probabilité d’atteindre l’objectif de la start up ou pas, et donc du « risque » qu’elle décolle pas.

Donc je pense pas que le risque soit forcément le risque d’un danger. Et je pense que ce serait bien de dire que les différents niveaux de dangers ne sont pas une probabilité (genre l’exemple du stylo, en quelque sorte) mais une intensité (le danger du feu (brûler) est plus grand que le danger d’une fourchette (tout juste piquer, sans aller bien profond)).

Après est-ce que l’« utilisation normale » serait pas liée à la probabilité qu’un truc arrive justement ?

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Le Hollandais Volant écrit :

@galex-713 : Un stylo n’est pas dangereux : il n’a pas vocation à faire mal, n’est pas prévu pour et n’a pas d’organes qui posent un danger quel-qu’il soit (hormis le bouchon, et un risque d’étouffement). Une manipulation/déclenchement accidentelle d’un stylo ne risque pas de provoquer des morts ou des blessures.

Maintenant, le même stylo dans les mains d’un psychopathe, c’est différents. Mais le danger c’est le psychopathe, pas le stylo.

Prends maintenant l’exemple d’une arme à feu.
C’est dangereux car c’est un objet intrinsèquement dangereux : son but est de tuer, de blesser. C’est le principe d’une arme.

Une arme entre les mains d’une personne sensée reste dangereux : l’arme est toujours là. Le risque est faible (la personne se maîtrise) mais pas nul : personne n’est à l’abri d’un accident, une erreur de manip, bref, un coup peut partir quand il veut.

La même arme entre les mains d’un psychopathe constitue le même danger. On a donc deux dangers : l’arme, et le psychopathe. La risque de blessure est plus important dans cette situation.

Après comme tu dis, c’est sur qu’un danger associé à un petit couteau (lame affûtée, etc.) n’est pas pareil qu’un danger associé à une bombe. Mais ça c’est pas exactement l’objet de l’article, ou alors juste la fin quand je parle du rapport bénéfice/risque.

Le bénéfice apporté par le fait d’avoir un couteau sur soi est plus grand que le risque de se couper. Je me sers tous les jours d’un coupeau pour éplucher mes fruits, mais je ne me coupe pas tous les jours en utilisant ce couteau.

(enfin, une bombe dans son entrepôt, et non armé, ne constitue qu’un faible danger : faut voir les objets dans un contexte d’utilisation, de manipulation). Même de l’uranium n’est pas dangereux quand il est laissé dans la croûte terrestre.

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galex-713 écrit :

oui ’fin ce que je voulais dire c’est surtout que comme tu parles de différents niveau de danger sans précisé qu’est-ce qui fait varier le niveau, la différence avec le risque (qu’imho tu relie inutilement au danger) reste faible et on peut toujours confondre (au moins avec le temps)…

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Origin écrit :

Pour peut-être étoffer un peu ces notions qui deviennent vite floues à mesure qu'on en parle, on parle aussi de situation de danger.
Prenons l'exemple d'une scie : l'objet est coupant, donc dangereux par nature (intrinsèque). Si l'objet est posé sur un établi, alors il ne se passera rien. C'est lorsque que la personne utilise l'objet que le risque apparaît (coupure, projection de copeaux, ...).

Dans le milieu professionnel, lorsque l'on réalise une évaluation des risques, par exemple la découpe d'une planche, on identifie les éléments suivants :
La tâche réalisée (scier une planche) - le danger (la scie) - la situation de danger (l'opérateur scie une planche en la maintenant en place avec sa main gauche) - le risque (coupure) - le siège de lésion (main/bras) - la probabilité d'occurrence et la gravité (en suivant une méthode de cotation prédéfinie cf. le commentaire d'Anita).
Sachez également que la cotation est réalisée deux fois : dans un premier temps de manière brute (sans élément de protection/prévention), puis de manière résiduelle (avec les éléments de protection/prévention).

Cette cotation "résiduelle" répond à l'objectif de réduction, voire d'élimination de ces risques, on suit alors les 9 principes généraux de prévention.

Pour finir, et je m'arrêterai la parce que ce sujet on peut l'étirer quasi à l'infini, toutes ces notions et outils sont applicables dans des domaines très différents (santé, environnement, économie). On pourra alors trouver des critères d'évaluation complémentaires (par exemple pour du risque environnemental : perméabilité du milieu, topographie des sous-sol, ...)

Voilà ! J'espère que ma contribution aura été utile et claire.
Bonne journée :)


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