Images en couleurs réelles d’une lumière blanche décomposée par un prisme.

Cet article fait partie d’une série d’articles sur la lumière.
Bien que ce ne soit pas nécessaire pour comprendre cet article, je vous en conseille la lecture si le sujet vous intéresse :

La question dans le titre peut être réécrite en termes plus savants : « pourquoi existe-t-il un angle de réfraction ? »

Pourquoi dévier ?

Dans mon article sur la diminution de la vitesse de la lumière dans l’eau ou le verre j’explique comment la matière interagit avec une onde lumineuse et comment ça se traduit (par interférences successives) par un ralentissement de la lumière. Dans le verre, par exemple, la lumière se déplace environ 35 % moins vite que dans le vide, ce n’est donc pas rien.

Ce ralentissement, qui dépend du milieu transparent, est lié à la notion d’indice de réfraction optique, noté n. En réalité, l’indice de réfraction est le rapport de la vitesse de la lumière dans le vide c sur la vitesse de la lumière dans le milieu transparent v :

$$n = \frac{c}{v}$$

Ok, avec ça on sait que la lumière va moins vite dans l’eau ou le verre, mais ça n’implique en rien un changement de direction : on peut très bien ralentir tout en continuant sur la même trajectoire rectiligne :

Si la lumière se déplaçait en ligne droite.
Si la lumière se déplaçait en ligne droite.

Dans les faits, on observe bien une courbure :

La lumière est courbée quand elle passe d’un milieu transparent à l’autre.
La lumière est déviée quand elle change de milieu.

On se rend compte que la lumière effectue une action supplémentaire qui complique les choses par rapport à un déplacement en ligne droite. Pourquoi fait-elle ça ?

La lumière ne pense pas

Les observations montrent que la lumière ralentit quand elle traverse des milieux transparents autre que le vide (eau, verre, diamant…). Dans ces conditions, on peut chercher ce qui pousse la lumière à dévier.

Une idée est de noter que le trajet dans l’eau se fait avec une vitesse réduite. Autrement dit, plus elle passe de temps dans l’eau, plus elle perd du temps. La lumière va donc emprunter une trajectoire qui minimise le temps passé dans l’eau et maximise le temps passé dans l’air, histoire de ne pas perdre plus de temps qu’il n’en faut.

Cette idée convient d’un point de vue énergétique : plus le trajet est rapide, moins il dépense d’énergie. Ceci rejoint également le théorème de Fermat, aussi nommé « principe de moindre action ». Ce théorème très connu dit dans le cas de la lumière que cette dernière emprunte le chemin le plus court temporellement pour aller d’un point A à un point B. Ce théorème est démontré : le trajet que la lumière emprunte est bien celui qui demande le moins d’énergie.

Là où je n’aime pas vraiment cette explication, c’est qu’elle semble suggérer que la lumière « pense ». Comment sait-elle que pour aller d’un point A à un point B, elle doit effectuer un crochet en C et effectuer un virage ?

La lumière sait qu’elle doit changer de cap ?
Bien-sûr, la lumière n’est qu’une onde lumineuse : elle ne pense pas.
D’ailleurs, je n’aime pas non plus dire que la lumière voyage d’un point A à un point B en passant par C : la lumière n’a pas de destination. Elle avance, c’est tout. Ce sont les obstacles qu’elle rencontre qui modifient sa trajectoire.

Plutôt que dire « La lumière, pour aller de A vers B, doit passer par C » je préfère dire « la lumière suit une ligne droite entre A et C, est déviée, et cette déviation l’envoie sur B ».

Si on veut que notre rayon de lumière voyage de A vers B, oui, cela implique qu’elle passe par C. Mais si on remplace l’eau par du verre, le rayon de lumière touchera toujours le verre au point C, mais il ne passera plus par B : il loupera sa cible.

La lumière n’a pas de destination précise : si l’on souhaite que sa trajectoire relie deux points, c’est à nous de placer l’eau et le verre au bon endroit pour que le rayon issu de A arrive bien en B.

J’insiste sur ça, mais c’est important : la lumière avance, est déviée, mais elle ne choisit pas d’aller un peu plus loin dans l’air pour faire moins de trajet dans l’eau : non, son trajet initial est déjà celui qu’elle emprunte au départ, et c’est l’eau qui la dévie ensuite avec un angle bien précis.

Bien, maintenant qu’on a clarifié ce point, on peut entrer dans les détails et expliquer comment la lumière est déviée.

Huyghens ou Maxwell ?

Si vous avez lu mon article sur la réflexion de la lumière sur un miroir, vous savez qu’on peut décrire un phénomène de plusieurs façons. Pour l’angle de réfraction il en sera de même.

Dans l’article de la réflexion, j’ai utilisé le principe de Huygens parce qu’il est parlant. On peut l’appliquer ici et on aura le bon résultat : les ondes réémises par les électrons à la surface sont plus rapprochées, avancent moins vite, et donc le front d’onde est dévié.
Mais on se retrouvera également avec les mêmes limitations de ce principe, à savoir qu’on a encore plusieurs fronts d’ondes possibles. Ici donc, je ne vais pas employer le principe de Huygens et passer directement avec une explication impliquant les équations de Maxwell.

Avec la théorie de Maxwell

Dans le cadre des équations de Maxwell, on considère la lumière comme une onde électromagnétique. Comme je l’explique dans mon article sur ces équations, les composantes électriques et magnétiques sont couplées et l’on passe de l’une à l’autre par un peu de calcul différentiel. Dans ce qui suit, nous ne considérerons que la composante électrique de l’onde lumineuse.

La composante électrique oscille de façon perpendiculaire au sens de déplacement de l’onde : si l’onde va vers l’avant, alors le champ électrique oscille de gauche à droite. Quand une onde arrive avec une trajectoire inclinée sur une surface, on peut représenter le champ électrique, perpendiculairement aux rayons :

Le champ électrique de la lumière.
Le champ électrique oscille de façon perpendiculaire à la direction du rayon lumineux.

On voit que ce champ électrique, comme la direction de propagation de l’onde, est incliné. On peut le décomposer : on obtient alors une composante horizontale (ou tangentielle à la surface de l’eau), et une composante perpendiculaire (ou normale à la surface) :

Décomposition vectorielle de la direction de la lumière.
Le champ électrique peut être décomposé en une composante normale $E_n$ et une composante tangentielle $E_t$.

Maintenant faisons pénétrer le rayon dans l’eau. Les équations de Maxwell nous disent deux choses :

  1. que la composante tangentielle n’est pas modifiée : au niveau de l’interface air-eau, cette composante est conservée et reste identique lors du passage de l’air à l’eau. L’oscillation selon l’axe « gauche-droite » du champ électrique reste identique : $E^{\prime}_t = E_t$ ;
  2. que la composante normale, quant à elle, est modifiée et réduite d’un facteur $\frac{\epsilon_{air}}{\epsilon_{eau}} \lt 1$, donc $E^{\prime}_n \lt E_n$.

En somme : la composante horizontale est identique, mais la composante verticale est réduite. Si on fait un schéma :

Schéma du champ électrique qui pénètre dans l’eau.
En passant dans l’eau, la composante normale $E'_n$ du champ électrique est réduite.

On le voit déjà : le vecteur $E'$ semble aplati. Sa direction a aussi changé légèrement à cause de ça. Or, comme le rayon de lumière est toujours perpendiculaire au champ électrique, ce dernier est dévié. L’angle du rayon transmis est différent de l’angle du rayon incident :

Résumé de la transmission du rayon à l’interface air-eau.
En résumé, le rayon est bien courbé quand il pénètre dans un autre milieu transparent.

Notez que si le rayon de lumière continue son trajet, il va ressortir de l’eau de l’autre côté. À cet endroit, on aurait un allongement de la composante normale, et le rayon est dévié un peu plus vers la droite. Il retrouverait alors une trajectoire parallèle à sa trajectoire initiale.

Et ce « ε » ?

Dans ce qui précède, il y a ce facteur $\frac{\epsilon_{air}}{\epsilon_{eau}}$ qui semble sorti de nulle part.

Au sein des équations de Maxwell, ε (« epsilon ») représente un paramètre qui dépend du milieu : la permittivité diélectrique relative du milieu. Ce paramètre traduit la résistance à la propagation d’un champ électrique de ce milieu.

Dans l’air, sa valeur est proche de celle du vide, soit 1. Dans l’eau, sa valeur est de 1,77. C’est ce paramètre qui est responsable du ralentissement de la lumière dans un matériau et de tout ce qui en découle : indice de réfraction, déviation…

On peut retrouver l’indice de réfraction de l’eau grâce à cette grandeur, ce n’est pas très compliqué.

Commençons par l’expression de l’indice de réfraction du milieu :

$$n_{eau} = \frac{c}{v_{eau}}$$

On a vu dans le précédent article que la vitesse de la lumière dans le vide, c, s’exprime en fonction de la perméabilité magnétique μ (« mu ») et la permittivité diélectrique ε, dans le vide et dans l’eau de la même façon :

$$n_{eau} = \frac{\frac{1}{\sqrt{\mu_0 \epsilon_0}}}{\frac{1}{\sqrt{\mu_{eau} \epsilon_{eau}}}}$$

En réarrangeant :

$$n_{eau} = \sqrt{\frac{\mu_{eau} \epsilon_{eau}}{\mu_0 \epsilon_0}}$$

Le terme $\mu_0$ et $\mu_{eau}$ sont les perméabilités magnétiques du vide et de l’eau et sont pratiquement égales entre elles. On peut donc les ignorer. On tombe alors sur la relation suivante :

$$n_{eau} = \sqrt{\frac{\epsilon_{eau}}{\epsilon_0}}$$

Où :

  • $\epsilon_{eau}$ est la permittivité diélectrique de l’eau. Comme dit plus haut, sa valeur relativement au vide est 1,77.
  • $\epsilon_0$ est la permittivité diélectrique relative du vide : qui vaut simplement 1.

D’où on a enfin : $n_{eau} = \sqrt{\frac{1,77}{1}} \approx 1,33$

Cette valeur 1,33 correspond bien à l’indice de réfraction de l’eau.
De plus, en appliquant un peu de trigonométrie sur E', E't et E'n, on retrouve les lois de Descartes : $n_{air}\cdot sin(\theta_1) = n_{eau}\cdot sin(\theta_2)$.

On a donc montré que la direction du rayon transmis dans l’eau (déterminé par $\theta_2$) change, et l’importance du changement de direction est directement lié à n et donc à la permittivité diélectrique de l’eau $\epsilon_{eau}$.

Conclusion

Ce qui importe ici c’est d’avoir compris deux choses.

Premièrement, la lumière ne part pas d’un point A pour se rendre à un point B. Elle part d’un point A, et sa trajectoire passe par le point B. C’est tout.

C’est une question de formulation. Cette seconde formulation me semble préférable, car elle évite l’ambiguïté qui pousse à penser que la lumière serait capable de choisir une trajectoire optimisée en fonction de son point de départ et son point d’arrivée. De plus, le « point d’arrivé » n’existe pas en fait : la lumière se forme puis elle avance sans savoir où elle va.

Ceci pour enfoncer le clou à l’idée selon laquelle la lumière « choisit » la trajectoire la moins fatigante (en référence au principe de Fermat et au principe de moindre action). Le principe de Fermat est juste : le trajet pris par la lumière est le plus rapide, mais ce n’est pas ça qui fait que la lumière l’emprunte.

Il ne faut pas inverser les choses : l’équation est venue après le phénomène physique, pas avant. Le phénomène physique c’est « la lumière progresse et emprunte certains trajets préférentiellement à d’autres ». L’équation ne fait que décrire ce trajet, à la fois qualitativement (« c’est le trajet le plus rapide ») et quantitativement (en décrivant sa trajectoire en termes d’angles et de grandeurs physiques).

Si le principe de Fermat est vrai, c’est juste parce que la nature tend à distribuer l’énergie de façon la plus uniforme possible, qui est une façon de dire que les différents systèmes vont tous tendre vers leur état le plus stable possible. Pour la lumière, ça consiste à emprunter le chemin le plus rapide dans le temps. C’est ça la vraie raison.

Secondement, pour ce qui est de l’origine de l’angle de réfraction, de la raison pour laquelle la lumière se courbe en passant d’un milieu transparent à un autre, c’est une question qu’il est possible de répondre grâce à la théorie de Maxwell.
Si j’avais à la résumer en une phrase, je dirais que « la composante normale [perpendiculaire] du champ électrique est la seule à être réduite — par un facteur ε, propre au milieu — alors que la composante tangentielle n’est pas altérée ».

Pour aller plus loin

J’ai dit plus haut que l’indice de réfraction (l’angle de déviation) dépendait du milieu et en particulier de sa permittivité diélectrique. Cette permittivité est propre au milieu, mais il y en a une pour chaque fréquence d’onde électromagnétique.
Ainsi, selon la fréquence d’une onde, cette dernière est plus ou moins réfractée. Certaines ondes peuvent même être réfractées vers l’extérieur (réfléchies, donc).

Concernant le visible, l’eau par exemple, réfracte davantage la lumière bleue que le rouge. Une lumière blanche qui arrive sur une goutte d’eau voit donc le bleu très dévié, le vert/jaune dévié et le rouge peu dévié. Chaque couleur composant la lumière blanche suit alors sa propre trajectoire : la lumière blanche est décomposée. C’est comme ça que naissent les arcs-en-ciel !

Enfin, quand la lumière passe d’un milieu à autre mais que les indices de réfraction de ces milieux sont les mêmes, alors l’onde lumineuse n’est pas déviée. Quand c’est le cas, il est très difficile de distinguer l’interface entre les deux milieux. Pour le dire autrement, les deux milieux, bien que distincts, semblent ne faire qu’un.
C’est ce que l’on observe avec les billes de polymère super-absorbants que l’on plonge dans l’eau : la lumière n’étant pas déviée, les billes semblent fondre dans l’eau.

Ressources

Image d’en-tête : travail personnel.

14 commentaires

gravatar
Cyril. V écrit :

Bonjour,

Merci beaucoup pour cet article et pour votre blog en général. Toujours un plaisir de lire les nouveaux articles.

J'ai deux questions :
-quand vous dites "parce que la nature fonctionne de façon à minimiser les interactions et surtout à tendre vers un état d’énergie le plus bas possible", cela revient à dire implicitement que la nature "cherche" à minimiser les interactions. Comment le fait-elle ?

- concernant l'angle de déviation de la lumière, vous dites "Cette permittivité est propre au milieu, mais il y en a une pour chaque fréquence d’onde électromagnétique ".
Comment intégrer la longueur d'onde dans votre calcul fait plus haut sur l'indice de réfraction ?

gravatar
Le Hollandais Volant écrit :

@Cyril. V : effectivement, cette formulation laisse penser que la lumière ne "pense" pas pour choisir son angle, mais "pense" pour choisir le chemin le plus direct. J’ai reformulé en disant que la nature tendait à distribuer l’énergie de la façon la plus uniforme possible dans l’espace (ce qui revient au second principe de la thermo : celui de l’entropie).

Imagines que tu remplisses une bassine avec de l’eau. Qu’ensuite, tu secoues la bassine brièvement, et enfin tu figes le temps. Tu vois alors la surface de l’eau qui n’est pas plate, mais faite de creux et de bosses. Les molécules dans les bosses ont plus d’énergie potentielle que celles dans les creux.
Maintenant, si tu actionne le temps, tu vas voir les bosses et les creux peu à peu s’estomper et la surface devenir plane.
Ce qui s’est passé, c’est que l’eau avec beaucoup d’énergie potentielle a partagé son énergie avec l’eau qui en avait moins, et au final chaque molécule sur la surface possède autant d’énergie (toutes sont à la même hauteur). C’est ça que je veux dire par « la distribution de l’énergie tend à être la plus uniforme possible ».

On observe ça partout : si on laisse une montagne s’éroder, les pierres tendent à tomber vers le bas, et peu à peu les vallées sont comblées et les montagnes effacées. Chimiquement, c’est ce qui se passe dans une pile : le pôle avec un fort potentiel électrique attire les électrons de l’autre pôle et les potentiels s’équilibrent (et quand ça arrive, la pile est « vide »). Même chose avec des vases communicants, ou des volumes d’eau à température différente qui vont peu à peu s’échanger de la chaleur et finir toutes deux à une température unique.

Comment intégrer la longueur d'onde dans votre calcul fait plus haut sur l'indice de réfraction ?

Quand un milieu transparent montre une grande différence d’indice en fonction des longueurs d’onde, on parle d’une forte dispersion, et quand l’indice varie peu, on parle d’une faible dispersion. Le phénomène s’appelle donc la dispersion, et la grandeur associée est appelée constringence.

Généralement, on utilise des valeurs tabulées pour obtenir l’indice de réfraction en fonction de la longueur d’onde que l’on souhaite, ou alors la relation de Cauchy, qui donne notre indice en fonction de la longueur d’onde, mais ça sera toujours à partir de grandeurs empiriques propres au milieu.

Donc si tu veux calculer $n$ pour 3 longueurs d’ondes, tu devras calculer $n$ trois fois.

gravatar
Youssef écrit :

Bonjour Cher Hollandais Volant,

Très bon article, très instructif. J'apprends énormément de choses.

Hâte pour le prochain article (ne tardez pas svp lol).

Bonne journée à vous, et à tous les lecteurs !

gravatar
Juju écrit :

Toujours très instructif.
"On peut retrouver l’indice de réfraction de l’eau grâce à cette randeur, ce n’est pas très compliqué"
Il doit manquer "l'accélération de la pesanteur": g ?.... ;)

gravatar
ReaperSala écrit :

Bonjour,

Alors peut-être j'ai mal compris / lu mais j'ai pas trouvé où est-ce que vous expliquiez pourquoi la lumière est déviée. Certes, vous avez utilisez les principes de Maxwell mais s'il n'avait rien dit on l'explique comment ? Pourquoi la composante verticale varie ?

Merci ! (J'apprécie énormément ces articles, vraiment une aubaine, merci encore)

gravatar
Le Hollandais Volant écrit :

@ReaperSala : C’est justement parce qu’il n’y avait pas de théorie satisfaisant que Maxwell (et d’autres) ont mis au point une théorie qui explique ce qu’on observe.

D’après cette théorie, la lumière est déviée parce que la composante verticale est contractée.

Si la composante verticale change et pas la composante horizontale, c’est une simple construction mathématique. Car au niveau de l’interface eau/air par exemple, comment on fait varier la composante horizontale ? C’est impossible : une onde à cette interface appartient aux deux milieux, donc il ne peut pas avoir « à moitié » une contraction et à moitié une non-contraction.

On a donc décomposé l’onde incidente en deux partie : une verticale (par rapport à l’interface), qui change et se contracte, et une horizontale (tangente à l’interface) qui ne change pas.

Pourquoi ? Parce que ça marche : ça explique ce qu’on voit.
Et c’est bien ça une théorie : une construction mathématique (totalement artificielle, voire arbitraire), mais qui fonctionne et respecte la physique, la réalité de ce qui se passe.

Le jour où on verra un contre-exemple, un cas qui ne satisfait pas aux équations de Maxwell, il faudra trouver autre chose, et une autre explication. Mais en attendant, ça marche mathématique et physiquement.

gravatar
JMO écrit :

encore limpide :)
merci pour votre précision et votre talent pédagogique

gravatar
Francois écrit :

bonjour, je suis ravi de vous avoir découvert, merci pour l'explication de la modélisation mathématiques et le soin que vous apportez à dénouer les biais de vocabulaire.
Mais sait on expliquer le "pourquoi" le champs électrique est contracté dans toutes les matières traversée ? aucun matériaux ou situation particulière n'aurait comme effet d'augmenter cette composantes du champs électrique ?
Secondement, en vous lisant "l'onde reste perpendiculaires àau champs électrique", puis je en conclure que c'est lui qui fixe la direction de l'onde électromagnétique : ce n'est pas le champs qui est perpendiculaires à la direction suivie, mais bien l'inverse ?.
merci beaucoup, je vais lire tout le reste que vous avez publié

gravatar
Le Hollandais Volant écrit :

@Francois : Pour le champ électrique, pour sa composante verticale (ici sur les dessins), c’est régi par les propriétés du milieu, en l’occurrence l’eau, à travers la facteur ϵ.

Dans l’air, ϵ est très propre de celui du vide, et donc la déviation est très peu visible.
Pareil quand on passe du verre à la glycérine : les ϵ, et donc les indices de réfraction, sont très proches et il n’y a pas de déviation : une bouteille en verre plongée dans la glycérine est invisible.

Autrement je n’ai pas connaissance d’un matériau où son ϵ est plus faible que celle du vide. Cela signifierait que la vitesse de la lumière dans ce milieu soit plus rapide que dans le vide, et il est admis que ça n’existe pas.

gravatar
Gerard écrit :

Bonjour,
après la lecture de votre article, il me vient quelques questions :
Si la vitesse de la lumière ralentit en passant dans l'eau, pourquoi les couleurs qui la forment ne sont pas modifiées ? Leur longueur d'onde est plus petite dans l'eau que dans l'air.
Si la vitesse du rayon ralentit en passant dans l'eau cela signifie t il qu'il y a comme une décélération suivie d' une accélération quand il quitte l'eau ? et donc comme une impulsion ?
Est ce que le champ magnétique couplé est influencé ?
Merci

gravatar
Le Hollandais Volant écrit :

@Gerard :

Si la vitesse de la lumière ralentit en passant dans l'eau, pourquoi les couleurs qui la forment ne sont pas modifiées ? Leur longueur d'onde est plus petite dans l'eau que dans l'air.

La longueur d’onde dépend du milieu, c’est pour ça que ce n’est pas une bonne métrique pour décrire une onde (j’en parle dans cet article et tu remets exactement le doigt sur ce problème, c’est bien !).
Ce qu’il faut regarder, c’est la fréquence temporelle (ou la période temporelle).

L’énergie de l’onde ne change pas quand elle traverse un milieu, et pas non plus quand elle en ressort.

Dans la relation de Planck-Einstein (énergie de la lumière), E = h × f, on voit bien que seul « f » donne l’énergie (h est la constante de Planck, une constante).
Si on remplace f par c/λ, alors on a E = h × c / λ.

Donc si on a E constante, alors si c diminue, alors automatiquement λ diminue aussi, pour maintenir le rapport c/λ constant et ainsi continuer de vérifier l’équation. C’est ce qui se passe dans l’eau : la vitesse diminue, la longueur d’onde aussi, mais l’énergie reste identique.

Ici :
– E : énergie
– h : constante de Planck
– c : vitesse de la lumière dans le milieu considéré (eau, air, vide…)
– λ : longueur d’onde de la lumière dans le milieu considéré

Si la vitesse du rayon ralentit en passant dans l'eau cela signifie t il qu'il y a comme une décélération suivie d' une accélération quand il quitte l'eau ? et donc comme une impulsion ?

Non, c’est plutôt la progression du rayon lumineux qui est ralentie, mais pas la vitesse de la lumière elle-même.
C’est comme une bille qui tombe sur une planche à clous : la bille rebondit dans tous les sens à assez grande vitesse, mais elle met quand-même pas mal de temps pour descendre toute la planche à clous, à cause de tous les rebonds.

Au niveau moléculaire c’est un peu pareil : la lumière est un peu comme absorbée-réémise à chaque fois qu’elle passe par un atome (vois cet autre article de la série d’articles sur la lumière). Et tout ce processus prend du temps. Entre chaque atome, il se déplace à la vitesse de la lumière (dans le vide), mais à cause des délais d’absorption-réémission, le front d’onde perd du temps et le faisceau dans sa globalité est ralentie.

Par ailleurs, sans trop aller dans les détails de la relativité (ça serait trop compliqué) : la lumière n’a pas de temps propre. Parler d’accélération ou autre n’a pas de sens pour elle.
Si on était un photon, la dimension temporelle ne serait pas là. C’est un phénomène relativiste : plus on va vite, plus notre temps est ralenti. Dans le cas asymptotique de la vitesse de la lumière, notre temps serait infiniment ralenti.
Dans notre référentiel, la lumière met effectivement un certains temps pour voyager d’un point A à un point B, parfois même des milliards d’années, quand on parle de la lumière émise par une galaxie très lointaine et captée par un téléscope ; mais ça c’est dans notre référentiel.
Dans le référentiel du photon lui-même (si un tel référentiel était possible, car ça ne l’est pas — j’ai bien dit que c’était compliqué ; et il faut voir que chaque objet en mouvement dispose de son propre référentiel), le temps ne s’écoule pas : le photon est émis ET absorbé au même instant, en traversant tout de même l’espace — qui lui n’est pas étiré, mais comprimé à l’infini.

Donc parler de ralentissement, pour la lumière, n’a pas trop de sens.

Est ce que le champ magnétique couplé est influencé ?

Pas compris la question. Qu’entends--tu par « couplé » ?

gravatar
Gerard écrit :

Merci pour ces éclaircissements.
Je viens de lire votre autre article "Pourquoi la lumière va moins vite dans l'eau ou le verre "
Vous expliquez que l'onde incidente dans le verre ou autre agit de proche en proche sur le électrons qui réémettent avec un petit retard une onde avec la même fréquence mais c'est donc l'onde incidente qui va arriver au bout sans délai puisque le proche en proche c'est elle la cause.
Ou si c'est la somme des ondes réémises par les électrons qui arrive au bout, le retard s'accumulerait avec l’épaisseur du milieu à traverser puisque la cause du proche en proche serait créée par par l'onde réémise par chaque électron.
En fait je n'ai pas compris c'est certain puisque le phénomène est là.
J'ai évoqué le champ magnétique couplé au champ électrique de l'onde électromagnétique pour savoir s'il est affecté ou agit dans son passage dans le verre par exemple. Couplé parce qu’il est toujours expliqué qu'il est à la fois la cause et l'effet du champ électrique pour permettre la progression d'une onde dans le vide. Ils ont des effets de nature différente et on pourrait alors penser qu'ils sont de nature différente mais ils voyagent en phase, la cause et l'effet ne pourraient être simultanés. Ce ne sont que des questions que je me pose et pas des affirmations.
Merci

gravatar
Le Hollandais Volant écrit :

@Gerard :

Ou si c'est la somme des ondes réémises par les électrons qui arrive au bout, le retard s'accumulerait avec l’épaisseur du milieu à traverser puisque la cause du proche en proche serait créée par par l'onde réémise par chaque électron.

C’est ça oui : les ondes sont absorbées (partiellement) et ce qui est absorbé est réémis. La somme de l’onde initiale et de l’onde réémise — par un phénomène de déphasage — produit une onde qui est déphasée, et donc en retard.

Concernant le champ magnétique, tu veux savoir si le champ magnétique est modifié au même titre que le champ électrique.

La réponse est oui : À un instant T, le champ magnétique est produit par le champ électrique. Et à l’instant T+1, le champ électrique est produit par le champ magnétique.
Un peu comme avec une balançoire, l’énergie cinétique et l’énergie potentielle sont sans cesse converties l’une dans l’autre.

Donc si la longueur d’onde du champ E est comprimée, alors elle l’est aussi pour le champ B. En vrai les deux champs forment un seul champ : le champ électromagnétique, dont deux facettes permettent de les voir comme deux champs séparés, ayant chacun ses effets.


Votre commentaire sera visible après validation par le webmaster.