Cern LHC detector
On vient de découvrir le Boson de Higgs, la soi-disant « god-particle ». Cette année, aussi, Pluton a été survolée par un engin spatial : les 8 planètes ayant été survolées déjà, il nous manquait Pluton pour avoir les 9 au complet. Du coup, la science est finie, n’est-ce pas ? On a tout découvert ?

Et ben non !
Et en réalité, on en est très loin.

Par exemple, l’un des plus grands mystères actuel de la physique concerne l‘accélération de l’expansion de l’univers et la chose qui en est responsable : l’énergie noire.
L’univers est en effet en expansion, comme l’a montré Edwin Hubble en 1929. Cette expansion, en plus d’être là, s’effectue — contre toute attente, car contredisant a priori les lois de la gravitation — à un rythme accéléré. Ce phénomène a été mis en évidence en 1998 seulement. L’origine ce cette expansion n’est pas connue, mais elle pourrait avoir quelque chose à faire avec la pression négative du vide.

La physique quantique est une des théorie les plus solides qui soit : on n’a encore rien trouvé qui puisse l’invalider. Tout ce qu’elle prédit, et aussi bizarre que ces choses peuvent être à prime abord, a pu être vérifié : effet tunnel, téléportation quantique, intrication…

Pourtant, quand on essaye de l’utiliser pour expliquer l’énergie noire, on trouve une erreur gigantesque d’un facteur $10^{120}$, soit l’une des plus grandes erreurs entre théorie et expérimentation jamais observée en sciences.
Ce qu’il est logique de faire, c’est donc de dire que les théories physiques actuelles ne sont pas complètes (voire fausses), puisqu’elles n’expliquent pas tout et en particulier ici, l’accélération de l’expansion de l’univers.

Tout ça pour dire quoi ? Juste que même nos théories les plus puissantes aujourd’hui se cassent les dents de façon monumentale quand on essaye d’expliquer l’énergie noire ; et l’énergie noire compte pour les trois-quarts de ce qui se passe dans l’univers, rien que ça… On est donc très loin de tout connaître de la mécanique de l’univers.

En fait, toute la physique actuelle (gravité, quantique, relativité, électromagnétisme, thermodynamique…) n’explique des choses que dans le domaine de la matière baryonique (la matière « normale », c’est à dire celle du tableau périodique). Or cette forme de matière ne représente que 4% dans la masse de l’univers (le reste étant à trois quarts d’énergie noire et pour un quart de matière noire).

Toute notre science actuelle ne s’applique qu’à une fraction de ce 4% de l’univers. À la question « que reste-t-il à faire en sciences ? » je répondrait donc : « pratiquement tout. ».

Pourtant se poser la question « que reste-il à faire en science ? » n’est pas une mauvaise question. L’un des noms les plus illustres de la science, à savoir Lord Kelvin, disait un jour de l’année 1900 qu’il n’y avait plus rien à faire en science ; que c’était une filière vouée à être délaissée car terminée.

Cinq ans plus tard, Einstein proposa la Relativité, puis la Quantique : deux théories majeures du XXe siècle, qui expliquaient tout ce que la physique connue de Kelvin (la physique classique) n’expliquait pas. Kelvin a fait une grosse bourde ce jour là, oui. Ce n’est pas grave de faire une bourde, mais ne faisons pas la même. N’ayons pas la fermeture d’esprit de Kelvin à ce moment là : au contraire, admettons que ce que l’on sait est bien, mais pas exhaustif.

Oui, le boson de Higgs est découvert (à 99,99% de certitude), mais de nouvelles questions sont apparues : le Higgs n’était pas tout à fait tel qu’on l’avait prédit (des écarts dignes d’intérêt ont pu être observés). Et c’est sans compter que la « particule de Dieu » n’a jamais eu pour but d’expliquer tout ce qui restait à expliquer. Ce n’est qu’un petit élément du puzzle dont il manque la plupart des morceaux.

Si on veut continuer de découvrir d’où on vient et ou on va et au passage cueillir toutes les inventions géniales produites par la recherche fondamentale (le Web, les micro-ondes, les IRM, le Kevlar, les couvertures de survie ou les appareils photos numériques), la recherche scientifique doit se poursuivre !

image de Julian Knutzen

2 commentaires

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N3ptune écrit :

je me posais une question par rapport au l’extension de l’univers, et tant donner qu'il "grandi" à "l’extérieur de l'univers", pourrait il atteindre une vitesse infinie ?

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Le Hollandais Volant écrit :

@N3ptune : Oui, c’est le dernier cas expliqué ici : https://couleur-science.eu/?d=9047eb--exemples-de-vitesses-supraluminiques

L’expansion s’accélère, et il arrivera un moment où n’importe quel deux points de l’espace seront écartés l’un de l’eau à une vitesse qui dépasse celle de la lumière : si les points émettent de la lumière, les deux mumières ne se rejoindront pas, et quelqu’un situé entre les deux points ne pourra jamais les voir.

Actuellement, la limite se situe à 4,44 giga-parsecs (à raison de 67,4 km/s/Mpc), soit $1.37 \times 10^{23}$ kilomètres, mais cette distance se rapproche !


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