Photo de la maquette d’un cœur.
Parmi les premières choses que le médecin fait lorsqu’il vous examine, après la mesure du rythme cardiaque, c’est probablement vous prendre la pression ou tension artérielle, ou simplement « la tension ».

On parle de pression du sang (un liquide) dans les vaisseaux, mais de tension des vaisseaux. Dans le langage courant, on parle aussi bien de la tension que de la pression artérielle. Les deux se valent.

Ici, je parlerai de pression, car le côté « physique » est plus facile à comprendre, et de toute façon les unités associées à la pression artérielle sont des unités de pression.

À quoi tout cela correspond-il ?

Systole & diastole

Le fonctionnement du cœur est plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord : bien plus qu’une simple poche qui se remplit et se vide, il est en effet composé de quatre cavités (deux oreillettes et deux ventricules) qui se remplissent et se vident dans un ordre bien précis afin de pomper le sang depuis les veines (vers le cœur) en direction des artères (après le cœur).

Pour ne pas surcharger cependant, simplifions tout ça en considérant que le cœur se contracte puis se relâche, et ceci continuellement durant toute notre vie. Un cycle « contraction + relâchement » constitue un battement.

Aussi, pour une question de compréhension, parlons plutôt de relâchement puis contraction, dans cet ordre.
Ainsi :

  • le relâchement permet aux cavités cardiaques de gagner en volume : le sang entre dedans par les veines.
  • la contraction permet aux cavités cardiaques de diminuer de volume : le sang est expulsé dans les artères.

En termes médicaux, on parle de diastole pour le relâchement du cœur et donc son remplissage, et de systole pour sa contraction et donc l’éjection du sang dans les artères.

Schéma de la systole et la diastole.
Schémas du cœur et des flux sanguins lors des phases de diastole (image) et de systole (image).

Maintenant, il faut comprendre que lorsque le cœur se contracte, la pression à l’intérieur augmente. Comme tous les fluides, le sang s’écoule naturellement des zones de haute pression vers les zones de basse pression. Ainsi, lors de la systole, le sang passe du cœur vers les artères et vers les organes.

Inversement, lors de la diastole (lorsque le cœur se relâche), la pression à l’intérieur diminue. Les veines sont alors à une pression plus haute, et le sang s’écoule des veines vers le cœur, qui se remplit. Vu que les veines se vident dans le cœur, la pression dans les veines diminue elle aussi.

Le cœur est par ailleurs muni de valves anti-retour pour permettre une circulation continue du sang, toujours dans le même sens, de façon circulaire.

Pour résumer :

  • la diastole : le cœur se relâche, le sang est aspiré dans le cœur. La pression dans le système vasculaire diminue.
  • la systole : le cœur se contracte, le sang est poussé vers les organes. La pression dans les artères monte.

Mesure de la tension (ou pression) artérielle

Quand le médecin veut mesurer votre pression artérielle, il utilise un tensiomètre (ou sphygmomanomètre) et un stéthoscope. Le tensiomètre est le dispositif qui se gonfle et dans lequel on insère son bras.

Quand le brassard est gonflé, il écrase votre bras : il constitue donc un garrot léger, et le sang ne passe plus. Le médecin, avec son stéthoscope placé sur votre bras et en aval du garrot, n’entend rien.

Maintenant, il va légèrement dégonfler le brassard jusqu’à ce que le sang commence à repasser à chaque systole (à chaque contraction du cœur). À ce moment, le médecin lit la pression sur le tensiomètre : il s’agit de la pression maximale du sang dans les artères : c’est la pression systolique. La pression de pic dans l’artère est alors suffisante pour forcer le passage sous le garrot, et le médecin écoute un « battement », lié au passage turbulent du fluide.
Si le sang peut passer lors des pics de pression systolique, le brassard bloque toujours la circulation lors de la diastole, où la pression est plus faible.

La mesure continue en abaissant de nouveau la pression dans le brassard. Il vient alors un moment où le brassard n’appuie plus du tout sur les artères, même lors de la diastole. Le sang n’est plus du tout bloqué et il s’écoule de nouveau de façon laminaire, en continu. Le stéthoscope ne permet plus de détecter de pulsation du tout.

Au moment où le battement disparaît dans le stéthoscope, le médecin note la pression sur le tensiomètre. Ceci correspond à la pression diastolique, la pression minimale exercée par le cœur. La prise de tension est alors terminée. Le médecin a alors deux valeurs, par exemple : 120 et 80.

Ces valeurs correspondent à la pression artérielle maximale et minimale. Elles sont exprimées en unités de pression, à savoir traditionnellement le millimètre de mercure (noté « mmHg », où « Hg » est le symbole chimique du mercure).

Parfois, la notation est de l’ordre de 12/8. Il s’agit simplement d’une conversion : la valeur est alors exprimée en centimètres de mercure (cmHg).

Analyse des valeurs de tension artérielle

Il est admis que les valeurs normales pour la tension soient aux alentours de 120/80 :


(source : 2018 ESC/ESH Guidelines for the management
of arterial hypertension
)
 Catégorie  Systole (mm Hg)  Diastole (mm Hg) 
Optimal<120<80
Normal120–12980–84
Normal, élevée130–13985–89
Hypertension légère140–15990–99
Hypertension modérée160–179100–109
Hypertension avancée≥ 180≥ 110

Une hypertension signifie que la tension est trop forte : le cœur se contracte trop fort, et le sang est envoyé avec trop de pression dans le système vasculaire. Ceci peut emmener à des AVC ou des éclatements de vaisseaux, sur le court terme, mais aussi à de la démence proche de la maladie d’Alzheimer sur le long terme. D’ailleurs, ces vaisseaux peuvent être emmenés à s’épaissir et donc se rétrécir, pour résister à la pression. Ceci peut également provoquer des bouchons de plaque d’athérome et développer des pathologies ou complications de celles qui sont déjà là. Ce n’est donc pas bon.

La pression de sang dans les vaisseaux est entièrement régulée par la force avec laquelle le cœur se contracte et bat. Ces changements dans le rythme et la force des battements peuvent être largement influencés par l’alimentation (trop de sel), le stress, l’alcool, le tabac, ou encore le manque d’activité physique.

Bien-sûr, chaque personne est différente, et selon le diagnostic réalisé par votre médecin, des changements dans vos habitudes alimentaires, sportives… peuvent aider à retrouver une tension saine et améliorer sa santé, à court et à long terme.

Pour résumer

Quand on vous prend la tension (ou pression) artérielle, on quantifie en fait la pression avec laquelle le cœur envoie le sang dans tout le système circulatoire. Deux valeurs sont notées :

  • la pression systolique, soit la pression maximale dans les artères, juste après la contraction du cœur ;
  • la pression diastolique, soit la pression minimale, au moment où le cœur se relâche.

Connaître ces valeurs permet de qualifier la tension subie par les vaisseaux et donc, si l’on peut dire, les contraintes mécaniques que ces derniers peuvent être emmenés à supporter. Ces mesures sont donc un outil diagnostique dans le cadre de maladie comme l’hypertension artérielle elle-même, et également comme facteur de risque de maladies cardio-vasculaires. Dès lors, il est possible d’intervenir en changeant ses habitudes, parfois par des médicaments.

Tout comme la mesure du rythme cardiaque, la mesure de la tension se fait assez simplement et de façon non intrusive pour le patient. C’est donc l’une des premières choses que le personnel médical fait lors de l’examen d’un patient.

image d’en-tête de Jesse Orrico

6 commentaires

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Ailurus écrit :

Bonjour,

Je ne comprends pas bien :

Maintenant, il va légèrement dégonfler le brassard jusqu’à ce que le sang commence à repasser à chaque systole (à chaque contraction du cœur). À ce moment, le médecin lit la pression sur le tensiomètre : il s’agit de la pression maximale du sang dans les artères : c’est la pression systolique. La pression de pic dans la veine (l'artère non ??) est alors suffisante pour forcer le passage sous le garrot, et le médecin écoute un « battement », lié au passage turbulent du fluide.
Si le sang peut passer lors des pics de pression systolique, le brassard bloque toujours la circulation lors de la diastole, où la pression est plus faible.

La mesure continue en abaissant de nouveau la pression dans le brassard. Il vient alors un moment où le brassard n’appuie plus du tout sur les artères (veines non ??), même lors de la diastole. Le sang n’est plus du tout bloqué et il s’écule de nouveau de façon laminaire, en continu. Le stéthoscope ne permet plus de détecter de pulsation du tout.

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blux écrit :

Et tout ça parce que les liquides sont incompressibles...

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Le Hollandais Volant écrit :

@Ailurus : oui tu as raison, j’ai inversé.
Sauf pour la seconde partie : c’est bien l’artère qui est mesurée, tout au long du processus. La veine suit l’artère, donc si la pression baisse dans la veine (par aspiration du sang par le cœur), elle baissera aussi dans l’artère (par dépression du sang dans la veine).

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Alex écrit :

@Le hollandais volant
Belle explication sur la pression artérielle (je n'ai pas relevé rapidement de faute)
L'HTA est d'ailleurs le facteur de risque le plus lourd sur la formation d'athérome et de lésions vasculaires, qui entraînent à terme AVC, infarctus du myocarde, artérite aux membres inférieurs, démences vasculaires entre autres. (les autres facteurs de risque étant le diabète, le tabac, l'hypercholestérolémie, l'âge et les atcd familiaux).
Le probleme de l'HTA est son énorme prévalence (1/3 de la population !!), son absence de symptômes en dehors des complications et donc son sous diagnostic et son très mauvais contrôle (1 patient sur 3 hypertendu est correctement contrôlé).

Un article de physique qui sert d'article de prévention :)
Faites dépister votre HTA chez votre médecin traitant / cardiologue !

En ce qui concerne les pressions veineuses ("par aspiration"), c'est pas tout a fait exact. Il n'y a pas vraiment de dépendance pressive entre le réseau veineux et le réseau artériel (du moins très très indirectement).
Le réseau artériel, est un réseau à haute pression (dont la norme est 120/70mmHG comme décrit), PULSE par l'action du coeur. La première artère issue du ventricule gauche (le ventricule systémique - on oubliera pas simplicité la circulation pulmonaire) est l'aorte qui distribue par ses sous branches (a. sous claviere, carotide, pulmonaires, mésentériques, rénales...) le sang vers les organes et tissus.
Au sein des organes et tissus, les sous divisions d'artères et artérioles alimentent des réseaux capillaires. Ces maillages capillaires permettent les echanges au niveau des tissus.
La pression en entrée est régulée par la capacité de vasoconstriction des arterioles. Dans les capillaires la pression est quasi nulle.
En sortie des tissus et organes, le sang est drainé par les veines, dont la pression est extrêmement faible aussi , le plus haut étant dans la veine cave et l'oreillette droite
(environ 5mmHg en situation normale).
Le flux veineux est continu et à faible pression (ce qui explique la différence de gravité d'une blessure veineuse ou artérielle)

La circulation dans le corps ce fait comme ceci:
Poumon -> Oreillette gauche - > Ventricule gauche -> Aorte -> Artères -> Artérioles -> capillaires -> Veinules -> Veines -> Veines cave sup et inf -> Oreillette droite -> Poumon

Il faut vraiment imaginer le système artériel comme de la plomberie:
le robinet apportant un fort débit/pression = les artères
l'évier = le réseau capillaire
le collecteur et l'évacuation de l'eau = réseau veineux

Les artères ont une capacité de vasoconstriction/vasodilatation permettant de réguler la distribution sélective à un tissu plus qu'a un autre (ex: en digestion, les artères digestives sont vasodilatées pour diriger préférentiellement le flux vers ce système, ce qui explique que la capacité à l'effort est moindre / ou qu'on digerera très mal...
Le but principal étant surtout la survie: en cas de combat/fuite = vasodilatation des territoires musculaires, vasoconstriction du réseau digestif
Autre exemple: en cas d'hémorragie, vasoconstriction "sacrifice" de territoire non indispensables pour conserver une pression suffisance au coeur et cerveau (en cas de choc hémorragique avec 6 de tension, le rein et le système digestif vont particulièrement souffrir tandis que la perfusion cérébrale tentera d'être conservée)

Le remplissage du côté droit du cœur, qui réceptionne donc le sang veineux, est conditionné entre autre par:
- la pression du côté gauche (en gros la colonne de sang qui est poussée à chaque contraction, pousse de proche en proche le sang dans les capillaires puis dans les veines). Mais que la pression soit à gauche de 60, 120 ou 200 de systolique, la pression dans les veines sera toujours faible (entre 0 et 15mmHg).
- la respiration : en inspiration, une dépression intrathoracique est créée, ce qui fait un appel sur le réseau veineux

Pour en revenir à l'HTA, c'est un mécanisme plurifactoriel, qui implique entre autre une rigidification des artères (qui perdent leur capacité elastique), un excès de volume sanguin ou un excès de vasoconstriction.
Et l'excès de pression dans la tuyauterie est responsable d'une dégradation plus rapide des vaisseaux, en particulier dans les zones de grande turbulence, typiquement les bifurcations artérielles.
Et les artères sont les vaisseaux nourriciers (souvent sans redondance) d'une partie d'un tissu/organe.

Je vais arreter là, je m’égare, on peut décrire tout ca dans une encyclopédie ^^
Premier commentaire sur ton super site de sciences que je suis avec grande attention !
(un toubib)

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Edouard écrit :

Merci pour cette article. J'ai à chaque fois du mal à me souvenir ce que mesure précisémment la tension, ça va m'aider...
Dans les alimentations aggravants l'hypertension tu peux aussi rajouter les excitants type caféine (café, coca) ou encore réglisse...


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