Un dragon asiatique lors du nouvel an chinois
À l’occasion du Nouvel An chinois et des cérémonies traditionnelles, on a tous plus où moins en tête les dragons asiatiques. En fait, beaucoup de cultures différentes font mention de dragons. On le retrouve par exemple dans les mythologies grecques, celtiques, nordiques, asiatiques et même plus ou moins dans la culture amérindienne.

Pourtant, aucun animal sur Terre n’est à proprement parler un dragon au sens où on l’entend, c’est-à-dire un gros lézard, volant et capable de cracher du feu.

L’origine du Dragon

Si les crocodiles ou certains serpents peuvent être qualifiés de « géants » puisqu’ils peuvent atteindre plus de 10 mètres, ils ne peuvent ni voler ni cracher du feu.

En fait, bon nombre de monstres retrouvés dans les mythes et les légendes font état des créateurs qui nous font intimement peur.
Par un ancestral instinct de survie, notre plus grande peur est celle d’être dévorée : c’est pour cela que tous les enfants ont plus ou moins peur des crocodiles, du loup, du renard, des serpents ou des araignées… mais s’amusent tranquillement avec des répliques d’armes, d’épées ou d’arcs et de flèches, censées donner la mort aussi.

L’origine de cette peur de la plupart des reptiles ou des autres animaux est parfois attribuée à une peur génétique. Pour les reptiles elle viendrait de l’époque où « nous » n’étions qu’un petit mammifère au temps des dinosaures. Ces reptiles géants étaient alors nos prédateurs et les individus qui avaient le réflexe de fuir avaient une plus grande probabilité de survivre et donc d’engendrer une descendance avec le même réflexe. Les descendants de ce mammifère (dont nous faisons partie) ont donc automatiquement conservé cette peur des reptiles.

Partant de cette peur et de l’existence des grands reptiles comme les crocodiles ou les serpents, il est facile d’imaginer quelque chose de pire : le même reptile, mais muni d’ailes qui le rendrait encore plus terrifiant car bien plus mobiles et agiles que nous, et capable de cracher du feu : une autre menace ancestrale pour l’être humain et les animaux.

Voilà l’origine des dragons mythologiques : la combinaison de plusieurs de nos plus grandes peurs : le feu, les reptiles, et le fait que ces derniers puissent être plus agiles que nous-mêmes s’ils étaient munis d’ailes.

Le dragon n’est donc que le fruit de notre imagination, qui a ensuite perduré dans notre culture et nos mythes.

Un Dragon peut-il exister ?

Une autre question peut alors être posée : est-il possible qu’un véritable dragon cracheur de feu puisse exister ?

Parmi la diversité animale on trouve pourtant des choses assez puissantes :

  • le coléoptère bombardier, un scarabée qui secrète des produits chimiques qui réagissent et forment un gaz corrosif à 270 °C ;
  • la crevette pistolet utilisent sa pince super-rapide pour produire, sous l’eau, du vide puis une cavitation luminescente à plus de 5 000 °C ;
  • certaines anguilles produisent des chocs électriques de plusieurs centaines de volts, ce qui est largement suffisant pour produire des étincelles…

De plus, autant certains animaux maîtrisent le poison sans être eux-mêmes intoxiqués, autant le feu est trop destructeur pour le vivant : les cellules ne sont faites que de constituants carbonés et de beaucoup d’eau : dès qu’on dépasse un certain seuil de température, toute l’eau entre en ébullition et le tissu vivant est détruit sur le plan moléculaire.
Même les espèces les plus résistantes comme les cafards ou les tardigrades résistent à l’eau bouillante, à l’azote liquide, au vide sidéral, aux micro-ondes, aux explosions atomiques, aux bains d’acide ou à une absence d’eau durant des années, mais pas au feu…

À défaut de pouvoir résister au feu, pour qu’un être vivant puisse produire du feu de façon biologique, il faut donc être en mesure d’en maîtriser la production et les effets, et donc de pouvoir en anticiper les conséquences : un feu qui détruit son habitat naturel n’est pas vraiment pratique pour la survie.

Or, la capacité d’anticipation de nos propres actions n’est pas quelque chose de répandu dans la nature : la plupart des animaux agissent par instinct. Si une espèce utilisait le feu au moindre danger, il aurait rapidement fait de se blesser ou de détruire son habitat et ainsi provoquer sa propre mort ou même l’extinction de son espèce.

C’est donc pour cette raison que l’évolution, même si elle a pu donner naissance à des espèces cracheuses de feu, n’a pas permis de retenir ces espèces au fil des générations : l’espèce cracheuse de feu serait toujours automatiquement un trop grand risque pour elle-même.

Ce sont les capacités de réflexion et d’anticipation qui font de l’être humain une espèce capable de maîtriser le feu. L’être humain a également cet avantage naturel d’être un très bon coureur : s’il n’est pas le plus rapide, il est de très loin le plus endurant lors de la course (bien plus qu’un lion, un loup ou un cheval). Ceci lui a probablement permis de fuir des incendies et de survivre assez longtemps pour comprendre que le feu devait être manié avec prudence, là où d’autres animaux seraient morts.

Pour conclure : afin qu’un dragon puisse exister dans la nature, il aurait déjà fallu un moyen de produire du feu. Ceci n’est pas impossible : une simple sécrétion d’un produit chimique inflammable et un moyen d’ignition suffirait, et ce sont deux choses qu’on retrouve dans la nature. Mais il aurait en plus fallu que l’espèce en question soit assez futée pour comprendre que le feu est une arme, que si elle n’est pas maîtrisée, serait destructive aussi bien pour sa proie que pour elle-même et pour son environnement.
Une espèce capable de produire du feu a donc peut-être existé, mais son don a à coup sûr provoqué son extinction très rapidement, bien trop vite pour que l’évolution puisse améliorer cette capacité.

Mais… il aurait peut-être pu en être différemment si les crocodiles et les lézards étaient intelligents…

En attendant, 新年好 !

Image d’en-tête de Epsos

4 commentaires

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Sataky écrit :
Commentaire pour signaler une petite faute (je cherche la petite bête désolé ^^').
Dans ce paragraphe :

L’être humain a également cet avantage naturel d’être un très bon coureur : s’il n’est pas le plus rapide, il est de très loin le plus endurant lors de la course (bien plus qu’un lion, un loup ou un cheval). Ceci lui a probablement permis de fuir des incendies et de les survivre assez longtemps pour comprendre que le feu devait être manié avec prudence, là où d’autres animaux seraient morts.

Un petit "les" en trop mais rien de bien grave.

Mais bon, si je remarque ce petit détail c'est bien que je m'intéresse au contenu très enrichissant que contient ce site !
Merci beaucoup de me faire découvrir tant de choses, continuez comme ça !

Cordialement, un lecteur passionné !
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Ally T. écrit :

Y'aurait pas non plus un problème en vol?
Normalement, chez toutes les espèces volantes (et réellement volantes, pas juste planeuses comme les écureuils ou les lézards...), la queue sert de gouvernail. elle est large est plate, et son orientation permet, par obstacle face à l'air, de faire virer l'oiseau (ou la chauve-souris, avec une membrane entre ses pattes arrières). De plus, on peut observer que, chez les oiseaux qui ne volent pas, comme les poules, les autruches ou les manchots, les plumes de la queue sont courtes ou souples, et ne permettent alors pas le vol de l'animal...
Or, les dragons tels qu'on les imagine (pas les asiatiques, qui sont plus comme des serpents volants), possèdent une queue de reptile, donc longue et épaisse, presque cylindrique. Ce type de queue ne peut pas servir de gouvernail, et donc un dragon ne pourrait pas se diriger comme il faut en vol, ni faire de belles acrobaties comme dans Le Hobbit ou Game of Thrones...
Un dragon devrait avoir une queue d'oiseau, ou une membrane semblable à celle des chauves-souris pour pouvoir voler !


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