Une citrouille d’Halloween.
Dans mon article dédié à l’origine de Noël, on apprend comment une fête astronomique païenne avait fini par donner la fête de Noël ; les chrétiens n’ayant en effet rien inventé. Eh bien, de façon surprenante ou non, on peut retrouver quelque chose de similaire avec Halloween : l’origine de cette fête résiderait également dans les étoiles !

Rappel sur Noël

Pour rappel, la fin du mois de décembre était remplie de festivités à travers toute l’Europe et même l’Égypte antique : à cette époque de l’année en effet, le Soleil commençait à remonter dans le ciel après plusieurs mois où il ne faisait que baisser. De même, les jours commençaient aussi à se rallonger.

La fin du raccourcissement des jours, et la remontée du Soleil sont marqués par le solstice d’hiver, autour du 21 décembre. Comme le changement de course du Soleil prend toujours quelques jours avant d’être visible, c’était généralement vers le 25 décembre que l’on comprit que les beaux jours allaient revenir.

N’oublions pas qu’on est dans l’antiquité. Ceci était perçu comme un bon présage et donnait donc lieu à des festivités, telles que les saturnales, ou le nouvel an romain.

Plus tard, l’Église plaça ses propres fêtes au même endroit afin de profiter de leur popularité et mieux s’assouvir à travers l’Europe.

Et Halloween ?

Pour Halloween, c’est un peu similaire. L’on ne considère maintenant plus le Soleil, mais plutôt certaines étoiles et constellations.

Une histoire de constellation et de mythologie

L’évolution a donné à notre cerveau une tendance naturelle à reconnaître des formes un peu partout : dans les nuages, dans les étoiles, la forme des rochers ou des arbres. On appelle ça la paréidolie.

Quand on vit dans l’antiquité et que l’on observe le ciel nocturne, on ne voit pas des étoiles comme nous aujourd’hui. On y voit des points, que l’on peut relier, pour former des figures.
Et lorsque nous vivons entourés de chiens nouvellement domestiqués, d’ours, de taureaux, et que nos histoires et contes font mentions de géants, de héros et de divinités, alors on les imagine aussi dans les étoiles au dessus de nous.

C’est de là que viennent les constellations (du latin con-, un ensemble, et stella, étoiles), que ce soit l’Aigle, le Grand Chien, le chasseur Orion, la reine Cassiopée, la Petite Ourse…

Qui sait si celles-ci avaient été imaginées à notre époque : aurions-nous la constellation de l’avion, du smartphone, du four à micro-ondes ?

À cause de notre révolution autour du Soleil et de l’inclinaison de notre écliptique, la position et la hauteur des constellations varie au cours de l’année. Chacune des constellations est à son point le plus haut ou son point plus bas une fois dans l’année, et chaque année à la même période. C’est la base de l’astrologie.

Ce phénomène cyclique et annuel, nous donne une horloge cosmique, racontée par ces personnages de la mythologie. Cette horloge donc, sonne par exemple l’arrivée de l’hiver ou de l’été, et avec elles la période des semis ou des récoltes, très importantes.

La constellation des Pléiades pour Halloween

Prenez la constellation des Pléiades. Il s’agit d’un ensemble très rapproché de 6 étoiles (sept à l’époque antique) facilement reconnaissable. Elle est juste à côté du taureau et de la constellation d’Orion, dont on reconnaît généralement très rapidement la ceinture — la fameuse Ceinture d’Orion — formée de trois étoiles très lumineuses alignées :

Carte du ciel avec Orion et les Pléiades.
Orion et les Pléiades. Notez la ceinture d’Orion et les trois étoiles alignées faciles à trouver dans le ciel. (Image obtenue avec le logiciel libre Stellarium).

Selon la mythologie grecque, Orion, le chasseur légendaire, tomba sous le charme de sept jeunes femmes, sept sœurs en vérité : les sept filles de Pléione et d’Atlas. Empris de leur charme, Orion les poursuivit inlassablement durant sept années entières.
Épuisées, les Sœurs demandèrent grâce à Zeus, qui la leur accorda : il les transforma en étoiles dans le ciel, les mettant à l’abri d’Orion. La constellation des sept sœurs, les Pléiades, était ainsi formée dans le ciel.

Les Anciens apportaient une grande importance aux Pléiades, qui est une des constellations les plus faciles à repérer dans le ciel. On la retrouve ainsi dans la grotte de Lascaux ou chez les Mayas. Même dans le monde moderne, on la retrouve parfois : le logo de Subaru, représente les Pléiades, qui est aussi le nom japonais de la constellation.

Au cours d’une année, cette constellation apparaît le matin ou le soir. Le moment où elles commencent à se lever avant le Soleil, les rendant visibles, annonçait le printemps. Elle se lève alors de plus en plus tôt dans la nuit, jusqu’à se lever la veille au soir, puis carrément se lever avant même le coucher du Soleil.

Ce dernier moment, où elles se lèvent avant que le Soleil ne se couche marquait l’automne et annonçait l’hiver.

Plus précisément, le moment où les Pléiades commence à se lever lors du Soleil couchant se trouve vers la fin du mois d’octobre. Cette apparition dans le ciel était alors saluée par la fête des morts.

Pour la petite histoire, Orion était vantard de ses prouesses de chasse, ce qui déplut à Héra. Pour le punir, cette dernière ordonna à un scorpion de piquer Orion quand il ne s’y attendrait pas. Et cela arriva : Orion, le chasseur légendaire, de façon ironique fut tué par un tout petit animal. Il fut alors transformé en constellation, juste à côté des pléiades… Héra remercia le scorpion en le transformant en constellation également, mais pour éviter que le combat entre le bête et Orion ne s’éternise, plaça le scorpion de l’autre côté de la voûte céleste.

La fête des morts et l’Halloween

Tout comme pour Noël et la position du Soleil, donc, le lever des Pléiades le soir était l’occasion d’une célébration, en l’occurrence celle des défunts, et elle se tenait à la fin octobre à cause de la date où son lever coïncide avec le coucher du Soleil.

Cette fête correspond aujourd’hui à celle de la Toussaint, à distinguer de la fête des morts : la première placée au 1ᵉʳ novembre et la seconde au 2 novembre dans notre calendrier.

Logiquement, la veille de la Toussaint — le soir où les Pléiades sont observables — correspond au 31 octobre. Autrement dit une date appelée « veille de la fête de la Toussaint ». En langue anglaise, la « Tout-saint » (Toussaint) se dit « All Hallow’s », et donc la veille se dit « All Hallow’s Eve », dont l’expression a fini par évoluer en « Hallowe'en » avec le temps.

Et nous y voilà : Halloween, la veille de la fête de la Toussaint (elle-même veille de la fête des morts), et placée le jour de l’année où la constellation de la Pléiade se lève en même temps que le Soleil se couche.

On peut considérer que c’est un peu tiré par les cheveux, mais ce genre de choses sont le fruit de millénaires de coutumes, de fêtes, d’histoires, dans nos sociétés. L’on retrouve tout de même toute la logique cosmique en analysant les récits de l’Histoire.

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image d’en-tête de Ram Yoga

2 commentaires

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GRx écrit :

"Qui sait si celles-ci avaient été imaginées à notre époque" : cette phrase est confirmée par le nom de certaines constellations de l'hémisphère sud, nommées bien plus tardivement : la machine pneumatique, le microscope, le réticule, le sextant...


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