Noël, c’est la célébration de Jésus et c’est une fête chrétienne. N’est-ce pas ?
Dans ce cas, comment expliquer que l’ont fêtait déjà le 25 décembre durant l’antiquité grecque et dans l’empire romain, soit bien avant Jésus-Chris et l’époque chrétienne ?
En effet, bien avant l’an 1, toute la période de la fin d’année était déjà festive un peu partout en Europe ! Il y avait ainsi :
- le Culte de Mithra, chez les Romains ;
- les Saturnales, chez les Romains, pour fêter le dieu Saturne ;
- Épona, une déesse Gauloise, également fêtée en décembre ;
- Les Petites Dionysies (rurales), à la même époque de l’année chez les Grecs et célébrant Dionysos.
La réponse à tout ceci réside évidemment dans les astres : Noël est avant tout une fête astronomique !
Une fête astronomique…
Vous l’avez remarqué, en hiver les journées sont courtes et les nuits sont longues (et vice-versa en été). Si on généralise, le passage des saisons est une alternance entre deux périodes de l’année :
- du 21 juin au 21 décembre : où la journée dure de moins en moins longtemps et où le Soleil descend de plus en plus bas dans le ciel ;
- du 21 décembre au 21 juin : où la journée est de plus en plus longue et où le Soleil monte de plus en plus haut dans le ciel.
Nos ancêtres l’avaient également remarqué. Aussi, le Soleil étant essentiel pour faire pousser les récoltes et pour éclairer, étaient-ils inquiets que le Soleil descende si bas dans le ciel sans remonter.
Finalement, vint le solstice d’hiver : le Soleil s’arrête de descendre (d’où « sol-stice », pour « soleil qui s’arrête » ; de la même manière que « armi-stice », signifie « les armes qui s’arrêtent ») pour ensuite commencer, après quelques jours, à remonter.
En gros, la « chute » du Soleil, tombant de plus en plus bas durant tout l’automne, était finie et notre étoile commençait à se relever. L’ensemble signifiait alors que le Soleil allait bel et bien remonter, ce qui signifiait le retour des beaux jours et des récoltes. Pour célébrer le présage de jours plus longs et plus chauds, les anciens organisaient le « Sol Invictus », une fête très populaire.
Cette idée du Soleil renaissant dans sa splendeur a donné l’expression « dies natalis solis invicti », traduit comme « le jour de la naissance du Soleil invaincu », sous entendu « de sa chute ».
L’expression « dies natalis » — « le jour de la naissance » — réfère donc au Soleil, et non à Jésus !
Le solstice d’hiver ayant généralement lieu autour du 21 décembre, et comme il faut toujours quelques jours pour que la remontée du Soleil dans le ciel soit notable et perceptible par les astronomes, Sol Invictus se tenait quelque jours après le solstice, c’est à dire autour du 25 décembre.
D’où une fête populaire à cette période, bien avant l’ère Chrétienne ou Jésus Christ, et un peu partout en Europe !
… reprise par l’Église !
Cette fête a été reprise à des fins politiques bien plus tard : Rome utilisait ce jour là pour unifier tout son empire autour d’une célébration commune, où l’on mangeait et buvait. Esclaves et maîtres, tout comme professeurs et élèves voyaient leur statuts inversés pour un jour. Des cadeaux furent échangés en famille et entre amis.
Tous ces rituels très populaires ont été plus ou moins conservés par l’Église dans ce qui deviendra après le IIe et IIIe siècle, le Noël chrétien.
La définition chrétienne de Noël, elle, a été placée ce même jour par l’Église afin de profiter d’une fête qui était déjà largement implantée dans la culture populaire, et ainsi mieux se propager en Europe.
Il a tout de même fallu attendre l’an 336, soit plus de trois siècles après Jésus Christ pour que la naissance de ce dernier soit placée au 25 décembre et vienne remplacer Sol Invictus, l’Église ayant même interdit que l’on fête autre chose que la naissance de Jésus ou la célébration du dieu unique.
Pour conclure
Le 25 décembre comporte donc à l’origine et avant tout une dimension astronomique (avec le Soleil qui remonte dans le ciel) et sociale (avec des fêtes et rites), avant d’être reprise par l’Église !
Par conséquent, si la dimension religieuse de Noël vous gêne ou vous semble anti-laïque (ce qui, au passage, serait mal comprendre le principe de laïcité), vous pouvez toujours participer aux festivités en évoquant son côté astronomique.
Il est aussi possible, pour les plus athéistes, de fêter l’anniversaire d’Isaac Newton : (le 25 décembre 1642 dans le calendrier Julien, en vigueur à l’époque en Angleterre marquait en effet la naissance de cet homme qui allait changer le monde. On peut appeler cette fête « Newtonmas », au lieu de « Christmas ».
Dans ces conditions, au lieu du nouvel an, fêtez donc la périhélie le 4 janvier ! En effet, le jour de l’an actuel est placé 7 jours après Noël par l’Église (c’est, elle, bien une fête religieuse), mais le 4 janvier tout proche, marque, lui, la date où la Terre est au plus proche du Soleil sur son orbite excentrée (cela peut changer selon les années : c’est globalement entre le 2 et le 5 janvier).
Références :
- Qu’est ce que Noël ?, par Mgr Robert Le Gall
- Les Saturnales, sur Wikipédia
- Le Culte de Mithra, sur Wikipédia
- La Déesse Épona, sur Wikipédia
- Comment fêtait-on Noël dans l'Histoire ?, par la chaîne YouTube Les Revues Du Monde.