Un petit pot de sel de table.
En France, Le sel alimentaire est majoritairement du sel marin : c’est ce qui reste après avoir laissé s’évaporer l’eau de l’eau de mer. Dans certains pays comme les États-Unis, la majorité du sel consommé est extrait de mines de sel. Dans ce dernier cas, on parle aussi de sel gemme, ou halite.

Dans les deux cas, le sel reste du sel : un minéral dont la dénomination chimique est chlorure de sodium (formule : NaCl). Et qu’il vienne de la mer ou d’une mine, son origine est la même : le sol.

Le sel est très ancien

Le chlore et le sodium constituant le sel de table sont des éléments chimiques, qui, comme tous les autres à l’exception de l’hydrogène, sont formés dans le cœur des étoiles, par le processus de fusion nucléaire.

Une fois que l’étoile a fini de fusionner la matière en son cœur, il ne produit plus assez de chaleur pour compenser l’effondrement gravitationnel et l’étoile implose. Les couches externent tombent sur le cœur puis rebondissent violemment : c’est la supernova.
Toute la matière est alors dispersée et c’est cette masse qui va s’amasser et former la génération d’étoiles suivante ainsi que les planètes qui gravitent autour.

Notre planète s’est formée ainsi, et tous les éléments qu’il y a sur terre proviennent d’une supernova ayant eu lieu avant : le silicium et le calcium des roches, le carbone et l’oxygène des plantes, l’oxygène de l’eau… ainsi que tous les éléments minoritaires, dont le chlore et le sodium !

Quand la terre s’est formée, les matériaux se sont différentiés : les métaux denses ont coulé dans le noyau terrestre et le sable, l’eau et l’air sont remontés pour former respectivement la croute terrestre, les océans et l’atmosphère.

L’eau en particulier a pu former un cycle : le cycle de l’eau. Il s’évapore des océans, voyage dans l’atmosphère et retombe sous forme de pluie, y compris sur les continents, quand il fait plus froid et qu’elle s’est liquéfiée.
C’est en ruisselant des montagnes aux plaines que l’eau dissout le sel et les autres minéraux présent dans le sol et le transporte jusqu’aux océans. En s’évaporant, l’eau laisse le sel dans les océans, où il s’accumule.

Peu à peu, tout le sel de surface finit par se retrouver dans l’eau de mer. Certaines mers, plus chaudes et s’évaporant davantage, sont plus chargées en sel que la moyenne. C’est le cas de la mer Méditerranée, mais surtout de la mer Morte, la plus salée au monde.

Mais ce n’est pas tout.

De la mer aux mines de sel

Il arrive que l’eau ruisselle non pas vers la mer, mais seulement vers un lac ou une retenue d’eau fermée. Si l’évaporation est suffisante, ou si l’arrivée en eau cesse pour une raison quelconque, alors le lac finit par totalement s’évaporer, laissant le sel derrière lui.
Les grands déserts de sel (aux États-Unis ou au Mexique par exemple) se sont formés comme ça.

Ces déserts peuvent être recouverts par de la terre, du sable, des débris, et après des millions d’années se retrouver enfouis sous des couches géologiques entières.

Enfin, des phénomènes volcaniques ou tectoniques peuvent faire remonter ces couches à la surface. Il suffit alors de trouver du sel à un endroit donné pour que l’on en trouve beaucoup d’autre au premier coup de pioche : on a alors découvert une mine de sel.

Du sel aux salaires et à la salade

Historiquement, le sel est un produit important, beaucoup plus qu’aujourd’hui. Certaines civilisations, comme les Aztèques ou les Indiens d’Amérique, le vénéraient.

La salaison a pendant longtemps été la seule façon de conserver la nourriture, à la fois dans le but de constituer des réserves et dans le but d’en faire le commerce.
Le terme de « salade » vient de là par exemple : les Romains conservaient divers légumes dans l’eau ou l’huile salée.

Dans l’antiquité, le sel a fait office de monnaie d’échange entre les marchands, les villages, les peuples. On payait également les soldats avec du sel, d’où le terme de « salaire » pour la rémunération, et l’on dit que quelqu’un de vaillant « vaut son pesant de sel ». Les propriétés aseptiques du sel font qu’il était aussi utilisé par les militaires pour désinfecter ou cautériser les blessures par exemple.

Avec tout ceci, il était donc vital pour un peuple, un état, d’en avoir suffisamment et parfois de le taxer (la gabelle était une taxe sur le sel).

Aujourd’hui, le sel n’est plus aussi rare ni aussi précieux. Cette transition s’est faite vers le milieu du XIXᵉ siècle : les géologues, jusqu’alors mandatés pour trouver des mines de sel pour le sel, sont maintenant consultés pour trouver des couches de sel pour du pétrole ! Le pétrole et le sel gemme sont tous les deux les restes d’anciens lacs. De plus, les dépôts de sel constituent une poche imperméable sous laquelle le pétrole reste piégé.

Cette course à la recherche de l’or noir a pu mettre au jour un nombre important de gisements de sel, qui finit alors par être surabondant.

Ajoutons à ça qu’à la même époque l’on commence à découvrir les méthodes de production de froid grâce aux machines thermodynamiques et aux progrès de la physique et qui serviront pour conserver les aliments directement, et le sel n’est plus aussi important.
Aujourd’hui, on s’en sert pour déneiger et c’est un produit bon marché.

image d’en-tête de Edi Libedinsky

6 commentaires

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seb écrit :

Je regardais un reportage sur les alignements de menhirs de Carnac en Bretagne il n'y a pas longtemps, ils expliquaient qu'ils récoltaient déjà le sel à cet époque. Ils le récupéraient à partir des dépôts de sel dans le sable. Ils lavaient le sable avec de l'eau, récupéraient l'eau et la faisaient chauffer l'eau pour qu'elle s'évapore et qu'ils récupèrent le sel au fond du récipient.

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une petite question écrit :

Merci pour l'article.
Par contre j'avais une petite question: L'eau par ruissellement recupère le sel et d'autres mineraux, puis le tout s'évapore. Du coup que devient les autres mineraux ? On le garde dans le sel ou on le "nettoie" lors de son extraction ?

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Le Hollandais Volant écrit :

@une petite question : L'eau de mer contient de nombreuses choses, mais surtout du chlorure de sodium, donc du sel de table.
Les autres éléments sont présents en quantités bien moindres.

Dans 1 kg d'eau de mer, on trouve (sous forme ionique) :
- 20 grammes de chlore
- 10 grammes de sodium

Et ensuite c’est :
- 3 g de sulfates
- 1,2 g de magnésium

- 0,4 g de calcium
- 0,4 g de potassium
- 0,1 g d'hydrogénocarbonates

Le reste, brome, fluor, lithium, iode… sont présents à moins de 0,05 g chacune, voire beaucoup moins : https://fr.wikipedia.org/wiki/Eau_de_mer

Aussi, quand l'eau s'évapore, le "sel" est le premier à précipiter. Le reste ne précipite qu’en dernier. Donc quand on a une bonne quantité de sel issue de l'eau de mer, on lave ça avec de l'eau douce pour chasser l'eau de mer restant et les impuretés puis on laisse l'eau douce s'évaporer.
Ce qui reste est alors très majoritairement du "sel".

Je dis "sel" avec des quotes car les autres éléments sont techniquement des sels également, mais ici j’entends par "sel" le sel de table (chlorure de sodium).

Ensuite, le sel de table du commerce contient parfois de l'iode ou du fluor. Ces éléments sont ajoutés car ils sont essentiels pour la bonne santé (l'iode est nécessaire pour la thyroïde et le fluor protège la dentition).

Si on laissait s'évaporer de l'eau douce, on aurait nettement moins de "sel" par rapport aux autres éléments (suffit de regarder l'étiquette d'une eau minérale), mais là encore, on est très loin de 30 grammes par litres. On est plutôt autour de 0,3 grammes par litre, au total. C’est donc très faible (0,3 % en masse, de minéraux dans l’eau dite minérale).

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blux écrit :

@Le Hollandais Volant :
Dans 1 kg d'eau de mer, on trouve (sous forme ionique) :
- 20 grammes de chlore
- 10 grammes de sodium

L'eau est un puissant solvant chimique et sépare le sel en ions chlorure (Cl-) et sodium (Na+) ce qui permet de toujours amuser les gens quand je demande combien de sel contient un litre d'eau de mer et que je donne une réponse à 0 g :-)

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Lujiel écrit :

Du coup, le sel de mine est plus riche en autres éléments (Mg, P, etc..) que le sel issue de l'évaporation de l'eau de mer que l'on lave ? Car du coup, pour le sel de mine, toute l'eau s'est évaporée avant, et tout à précipité non ?

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Le Hollandais Volant écrit :

@Lujiel : oui effectivement, sauf si de la pluie (éventuelle) lave le sel.

Il faut pas oublier que les mines de sel étaient à un moment un lac d'eau de mer qui s'est refermé, mais qui reste à ciel ouvert. Un peu comme le désert de sel.
Si tu laisses sécher de l'eau de mer, tu obtiens du sel très impur.

Aussi, le sel gemme, le sel d'une mine (tel que consommé majoritairement aux USA) est extrait avec de l’eau. On envoie de l’eau dans la mine, et on la repompe pleine de sel. Si le "sel" se dissout très vite, les autres éléments peuvent prendre plus de temps. On se retrouve à nouveau avec du sel relativement propre. Heureusement, d'ailleurs, car la terre brute d'une mine de sel ressemble davantage à du sable salé qu’à autre chose. Ce n'est pas (pas toujours) une mine toute blanche très propre : https://www.google.com/search?biw=1796&bih=1670&tbm=isch&sa=1&q=salt+mine


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