En physique, on entend souvent dire que la lumière visible va du rouge au violet, soit de 800 nm à 400 nm.
Ce qui me gêne ici, c’est le que l’on parle de « de 800 nm à 400 nm » pour désigner les couleurs rouges et du violet : c’est gênant dans la mesure où ceci n’est vrai que dans le vide !
Si on se place dans l’eau, l’indice de réfraction est de 1,33 : la vitesse de la lumière est donc réduite de 1/1,33 :
$$v_{eau} = \frac{c}{n_{eau}}$$
$$v_{eau} = 0,75c$$
La réduction ici est donc d’environ 25%.
Or, la longueur d’onde qui est proportionnelle à la vitesse est elle aussi réduite de 25% :
$$\lambda_{eau} = v_{eau}T$$
$$\lambda_{eau} = 0,75\times cT$$
Le rouge 800 nm passe donc à 600 nm dans de l’eau : un objet rouge plongé dans l’eau devrait, en toute logique, apparaître jaune. Or ceci n’est évidemment pas vrai : la couleur d’un objet est maintenue quelque soit le milieu.
Ceci est donc un problème : on ne peut pas attribuer une longueur d’onde à une couleur. Les deux ne sont pas synonymes.
Alors c’est quoi la solution ?
La longueur d’onde seule n’est pas suffisante pour caractériser l’onde : pour être utile, il faut aussi dire dans quel milieu nous nous trouvons. Plus précisément, il faut donner l’indice de réfraction $n$ du milieu.
Dans ce cas là, oui, on peut utiliser la longueur d’onde pour caractériser une onde lumineuse, mais alors uniquement quand on a les deux informations.
On peut pourtant faire plus simple : contrairement à la longueur d’onde, qui change selon le milieu, on peut parler de sa période temporelle $T$, qui elle ne varie pas quand on passe d’un milieu à l’autre !
La raison à cela est que la période $T$ est directement proportionnelle à l’énergie $E$ transportée par la lumière, par la constante de Planck $h$ :
$$T = \frac{1}{hE}$$
Un rayon de lumière qui entre dans un milieu et qui en sort, ne perd pas d’énergie en y entrant pour en gagner quand il ressort : il conserve son énergie tout au long du trajet.
La vraie caractéristique d’une onde, c’est l’énergie qu’elle transporte.
De plus, si l’énergie d’une onde est constante, sa fréquence l’est aussi. Donc si la vitesse varie d’un milieu à l’autre, ce n’est ni l’énergie ni la fréquence qui varient, mais bien la longueur d’onde.
Sa couleur restant invariante elle aussi, il est bien plus juste d’associer la couleur à l’énergie plutôt qu’à la longueur d’onde.
Ainsi, le « 800 nm pour le rouge » n’est vrai que dans le vide. Si vous utilisez la valeur de 1,55 eV de l’énergie de l’onde lumineuse rouge, ce sera vrai où que vous vous trouvez :
$$E_{rouge} = \frac{h \times c}{\lambda_{eau}}n_{eau}$$
$$E_{rouge} = \frac{h \times c}{\lambda_{air}}n_{air}$$
Pour conclure : si l’information du milieu considéré est donnée, on peut très bien continuer à parler de longueur d’onde. D’autant plus que les valeurs de longueur d’ondes du visibles sont bien plus simples à retenir.
Mais ne tombez pas dans le piège : une longueur d’onde de 400 nm peut très bien correspondre à du vert ou rouge. Tout dépend du milieu.